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Publié le par Loïc

C’est un euphémisme de dire que certains programmes télévisuels, parfois ne nous élèvent pas culturellement. Cependant, le petit écran est devenu la fenêtre sur le monde la plus importante pour un grand nombre de personnes. Certains rêvent de passer à la télé. Ce qu’on appelle la real-TV propose justement d’assouvir cet espoir  de starification des quidams en même temps qu’une curiosité un peu malsaine (celle qui nous pousse à regarder par le trou de la serrure) des téléspectateurs. Ces derniers suivent les aventures des candidats dans diverses situations, plus ou moins réelles.

Je trouve souvent ridicule ou artificiel la télé-réalité, mais il m’est arrivé de regarder certains jeux. On suit ces rendez-vous avec l’émission comme on pourrait suivre une sitcom.

Le concept de real-TV vient du monde anglo-saxon, les Loft Story, Star Academy et autres Koh Lanta sont juste une version française d’émissions créées ailleurs dans le monde.

Et, des nouveautés naissent tous les jours. Aux Etats-Unis, ils ont entre autres Next, et c’est retransmis en France sur Europe2-TV. Ca ne me déplaît pas de le regarder.

Le principe est assez simple. Une fille ou un garçon se présente comme étant à la recherche d’un partenaire de relation amoureuse. On l’appellera Jo (diminutif masculin ou féminin) pour la suite. Il va avoir le droit à cinq rendez-vous avec des personnes du sexe recherché (‘The daters’), et pourra choisir à tout moment de repousser le candidat sorti du bus rouge et noir (les couleurs de Next ) ou de lui proposer un second rendez-vous. Et, pour le prétendant, il y aura un gain d’argent selon le temps qu’il passe avec la personne à séduire. Laissons la voix off faire la présentation de l’émission:

« les rencards pourris qui s'éternisent, c'est fini! Tu as 5 rendez-vous, si le premier est nul, tu n'as qu'à dire: “suivant!” Arrête le cauchemar et recommence avec quelqu'un d'autre! Ne t'inquiète pas pour ceux que tu élimines: ils toucheront de l'argent pour chaque minute passée avec toi. Celui ou celle qui restera jusqu'au bout aura le choix: avoir un autre rendez-vous ou partir avec la cagnotte. Attention à ce que tu dis, ou tu risques de dégager ! »

Le style de cette accroche correspond assez bien au style de l’émission : plutôt jeune et direct. On ne perd pas de temps. Du speed dating qui en plus est retransmis avec toutes les possibilités de coupure et sélection qu’offre le montage. Alors que certains rendez-vous peuvent durer près d’une heure (et donc le candidat gagner une soixantaine de dollars), la retransmission du jeu ne dure que cinq à dix minutes. Autant dire que la production ne nous donne pas à voir toute la construction de l’alchimie entre deux personnes. Elle cherche avant tout à nous raconter des histoires. Par exemple, le gars bien bâti venu des Samoa qui cherche une fille chaude à consommer rapidement, qui repousse immédiatement celles qui n’ont pas su se mettre en valeur physiquement, reste un peu plus longtemps avec une petite brune aux formes appétissantes, discute avec elle de ses talents cachés dans la voiture, et comme elle ne veut pas lui faire de danse lascive, lui dit :  « Next ! ».

Chaque émission se veut différente de par les candidats proposés, qui sont autant de personnages. Jo se présente au début dans une sorte de petit montage. Les Jo doivent avoir préparé en prévision des rencontres avec les cinq prétendant€s diverses activités et éventuellement déguisements liés à leurs hobbies, leur origine et leurs goûts personnels. Il y a au début des épreuves-tests (comme par exemple aller chercher des serpents à sonnettes dans un parc), puis souvent à la fin un repas typique. Les cinq candidat(e)s, eux, se présentent par une petite phrase (en général fanfaronnade ou chambrage). Puis on les retrouve dans un gros bus sans fenêtres, qui constitue en quelque sorte une antichambre d’attente, où une partie de leurs bavardages est retransmis. Un ordre de passage est prédéfini. Et, le ou la première prétendante sort du bus. Arrêt sur image au moment de poser pied à terre. A côté de sa photo s’affiche son prénom, son âge et trois traits particuliers : souvent de bêtes anecdotes ou habitudes un peu honteuses comme par exemple « il aime faire pipi dans la baignoire ».


Pendant que leur concurrent(e) est dehors, les quatre autres devisent sur ses chances. En général, l’émission aime bien montrer quand on casse du sucre sur le dos de l’absent(e). Mais, celui ou celle qui est en général le plus éreinté, c’est Jo. Pour la première rencontre (et la suivante aussi), tous les scénarios sont possibles : Jo avisant la coiffure du prétendant peut le virer immédiatement en lui disant « mais c’est quoi cet animal mort sur la tête », et le prétendant repart avec un dollar, plus ou moins piteux, et en ayant plus ou moins insulté celui qui l’a repoussé. De retour dans le bus, il a le droit aux cris d’accueil de ses concurrents : (des ‘ohhhhh !’ pour les gars, des ‘hiiiiiiii ! pour les filles). Il passe le relais au concurrent suivant et fait son rapport aux autres, disant parfois du bien de Jo qui l’a repoussé, le plus souvent le dénigrant (« cette fille est toute pourrie : toute pâle et mal habillée » , « c’est un gros con »). Certain(e)s bien sûr vont rester plus longtemps, parfois une dizaine de minutes, échouant lors des épreuves concoctés par Jo, ou laissant échapper quelque chose qui ne lui plaît pas lors de la conversation dans la voiture de Next, elle aussi rouge et noire. Dans ce cas, on a le droit à un « chauffeur, arrêtez-vous ! ». Parfois, la rencontre est plus longue, et lors du repas plus ou moins aux chandelles, Jo finit par se décider : « Andy, cela fait 56 minutes qu’on est ensemble. Tu peux partir avec 56 dollars ou accepter un second rendez-vous avec moi ! Que choisis-tu ? » Alors, là, on a un récapitulatif de deux séquences clés, enfin considérés comme telles par le réalisateur. Et, le concurrent choisi donne sa réponse. En général, il commence par quelques phrases de contexte pour faire durer le suspens. En général, cela donne un « mais ». Par exemple, si la fille commence par « tu as été très gentil », ça peut se terminer par un « mais j’ai besoin d’argent pour payer mes factures, alors je vais prendre l’argent ». Si, inversement, elle commence par « tu m’as fait goûter des cuisses de grenouilles dégueulasses », ça peut se terminer par un « mais tu es très cool et je vais accepter un second rendez-vous ».

Une fois que le second rendez-vous a été proposé, qu’il soit refusé ou accepté, le jeu prend fin. Donc, il arrive souvent que le cinquième sur la liste des prétendants ne voie Jo.

L’émission se termine par une déclaration en groupe des quatre ou cinq (si le deuxième rendez-vous a été refusé) candidats restants, tandis qu’on a des déclarations bilan de Jo s’il repart seul, ou, s’il est parvenu à ses fins des images de bonheur plus ou moins factice avec son nouveau compagnon de jeu.

Comme certains de mes exemples le laissent deviner, les échanges qui ont lieu dans cette émission ne révolutionnent pas le monde. L’humour est parfois bas de gamme. Mais, j’ai tendance à bien goûter les jeux de mots, notamment ceux de la voix-off. Ils ne sont pas toujours extraordinaires, mais il ne faut pas hésiter à les tenter : « Allison a enfilé ses gants, Franck veut monter sur le ring et montrer son punch, mais les autres espèrent qu’il va se faire renvoyer dans les cordes »

L’émission est filmée visiblement en Californie, vu les paysages et la provenance des candidats (essentiellement de l’Ouest et du Midwest des Etats-Unis).

Il faut noter que l’émission est ouverte aussi aux rencontres homosexuelles. C’est-à-dire que Jo peut être un homme et les prétendants des hommes, et la même chose avec des filles. Dans ce genre de configurations, quand même moins nombreuses que les rencontres hétérosexuelles, cela rajoute du piment à l’affaire, puisque ce n’est plus seulement à l’extérieur du bus qu’il peut y avoir des baisers, mais aussi à l’intérieur du bus. Et, en général, cela ne rate pas. Pendant que Amanda dîne avec Helen, Tanya, Shanie et Cindy se font des soupes de langue.

Parfois, je suspecte le casting de se baser sur des critères ethniques, du type de ceux qu’on trouve dans les formulaires américains. Après tout comme un homosexuel demande d’avoir le choix entre 5 garçons homosexuels, un hétérosexuel d’avoir le choix entre 5 filles, il est possible par exemple qu’un gars noir demande 5 filles Afro-Américaines ou métisses et que la production accède à se demande. Cela dit, c’est souvent assez varié. Le gars, malgré qu’il ait plutôt un type de filles dans la tête, laisse le hasard ou la production choisir, et donc, une brune peut succéder à une blonde, un gros cul à des fesses plates, une asiatique à une irlandaise…. Le fameux melting pot américain ! D’ailleurs, les origines servent souvent à trouver le thème des activités, au moins celles du repas. Si on devait faire des statistiques, je remarque toutefois que les candidats (tous vingtenaires) sont plutôt du genre « middle class » américaine. Une forte proportion d’entre eux déclare une passion pour les sorties en night clubs. Jeans taille basse pour beaucoup de filles, coiffures à crêtes ou épis artificiels sur le haut de la tête pour les garçons. Ceci peut laisser une impression de superficialité. Il s’agit en tout cas plutôt de beaux jeunes. L’apparence compte plus que le fond. On aura nettement plus affaire à des Justin Timberlake qu’à des Woody Allen. J’ai l’impression qu’il y a parfois des trous dans les conversations. Ce qui est normal, c’est vrai c’est parfois difficile de trouver des sujets de conversation quand on est deux inconnus l’un pour l’autre dans une situation un peu artificielle.

En bref, le but est plus de divertir le spectateur que de jouer à fond le rôle d’agence matrimoniale. Je ne pense pas que quand on participe à ce genre de jeu télévisuel, on doit le faire avec pour seul objectif de trouver l’âme sœur. Bien sûr, il est important de bien être dans l’état d’esprit d’un célibataire, mais avant tout il faut être ouvert à la découverte et prêt à prendre du plaisir, et espérer un second rendez-vous et plus si affinités.

 

Bon, personnellement, je ne suis pas du côté des candidats mais du côté des téléspectateurs. Et, quand je tombe sur un épisode, j’essaie de le regarder jusqu’au bout. Alors, oui, effectivement, les discussions ne sont pas souvent très intellectuelles. Au bout d’un moment, c’est répétitif, car assez schématique. Mais, la diversité des cas proposés fait que c’est chaque fois différent. Il y a un peu de suspense lié à l’aspect jeu. On essaie de deviner à l’avance qui va plaire, qui va se faire jeter. Même si il y a souvent des passages de suspenses artificiel (avec la voix off qui pose une question en suspension et un retour en arrière avant de nous donner la suite de la rencontre), si les images se succèdent très vite, le programme a les défauts de ses qualités. Le rythme est soutenu par le montage. Si tout n’est pas réussi, il y a toujours des passages et des commentaires qui nous font sourire. On peut admirer les beaux garçons ou les jolis filles (selon nos goûts). Et, la magie des baisers.

Finalement, je dirais que ce qui entretient l’intérêt pour ce genre d’émission c’est la curiosité. On cherche en quelque sorte un peu à percer le secret de la rencontre. On a tous plus ou moins (au moins une fois) connu ces moments où le temps suspend son vol, avant que finalement la rencontre ne débouche sur rien (pas de rappel, aucune suite) sans qu’on ait vraiment les explications. Comment se fait l’alchimie entre deux personnes ? Sans doute pas de façon aussi schématique que dans Next, il existe toujours des éléments indicibles qui entre en jeu, mais il reste qu’on cherche toujours la réponse.

 
NEXT !

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