______ Dans l'Histoire de l'Espagne __________ (Première partie : jusqu'à la fin du XVéme siècle)

Publié le par Loïc

         


    J’ai eu l’occasion de voyager dans la péninsule ibérique, et plus particulièrement en Andalousie. Avant cette escapade, je connaissais peu l’Espagne, étant seulement allé sur Majorque dans les Baléares. Et, on ne peut pas dire que ces îles soient typiques du pays, envahies qu’elles sont par les touristes, l’allemand étant la seconde langue à Majorque si ce n’est la première. L’Espagne attire donc par son soleil – et l’Andalousie ne déroge pas à cette règle avec ses pointes de chaleur exceptionnelles pour l’Europe – mais aussi par sa culture, issue d’une histoire marquée entre autres par les les influences croisées du monde musulman et du monde chrétien.

 

 

            Notons tout d’abord que la péninsule ibérique fut aussi marquée par la civilisation romaine en tant que province de l’Empire, nommée Hispanie.

Ruines romaines : temples et bains à Cordoue

         

          A la chute de l’Empire Romain, ceux qu’ils appelaient les barbares s’installent dans les diverses régions d’Espagne. Les Wisigoths sont le peuple le plus célèbre. Comme les Francs dans l’actuelle France, on peut penser que les Wisigoths se sont peu à peu convertis à la religion chrétienne, notamment par le baptême officiel de leurs rois. Mais, le royaume est affaibli par des rivalités de succession et des guerres civiles.

Et, au Sud, prospère la civilisation arabo-musulmane. Le califat de Damas, civilisation en pleine expansion étend son territoire jusqu’au Maghreb voisin. Un sultan décide de passer de l’autre côté du détroit de Gibraltar, et sa progression en Espagne est fulgurante. Les conquérants arabes iront même au-delà ; on connaît tous la date de 632 avec le coup d’arrêt qui leur est donné par Charles Martel à Poitiers. Finalement, la frontière entre la nouvelle possession du califat musulman, Al Andalus (qui a donné son nom à l’Andalousie) et les royaumes des provinces du Nord de l’Espagne se stabilise au cœur de l’Espagne actuelle, au nord de Tolède. Après cette phase de conquête, une dynastie de sultans, les Ommeyades, déclarent leur autonomie par rapport au califat abbaside de Damas. C’est l’avènement de l’émirat indépendant de Cordoue dans une période de paix et de prospérité. Dans la ville espagnole actuelle, on voit l’influence de cette époque avec les ruelles de l’ancien souk, et surtout la mosquée, la Mesquida, qui a connu trois extensions successives sous le règne de différents califes, ce qui a entraîné le décalage progressif de son mirhab, la niche indiquant la direction de la Mecque , ou tout du moins la direction vers laquelle les fidèles doivent prier. Elle est richement décorée de motifs végétaux et géométriques car il est interdit de représenter des hommes ou des animaux dans la religion musulman  Pour favoriser la prière et l’écoute du prêche de l’imam, l’intérieur de la mosquée se présente comme un espace ouvert de colonnades, à l’architecture travaillée, celles de la deuxième extension sont particulièrement belles. La Mesquida est sans doute la plus magnifique mosquée du monde à cette période, et Cordoue, accueille les traducteurs, poètes et savants parmi les plus réputés de la civilisation musulmane, elle est alors en quelque sorte la capitale culturelle du monde entre le huitième et le dixième siècle (dans le calendrier chrétien)

Riches Ornementations du Mirhab de la Mosquée de Cordoue


Intérieur de la mosquée de Cordoue :
Colonnades de la première et deuxième extension

 


            Mais, au début du nouveau millénaire, le califat de Cordoue connaît à son tour des tensions internes, et les rois catholiques des provinces du Nord de l’Espagne, Navarre, Castille, Leon et autres, qui n’ont pas renoncé à conquérir les territoires du Sud de l’Espagne, s’allient parfois entre eux pour gagner certaines batailles contre les musulmans. Cordoue perd son rang de capitale de Al Andalus.  D’autres dynasties, comme les Almohades, reprennent le flambeau de la civilisation arabo-musulmane, faisant d’autres grandes cités, comme Séville, leurs capitales.

Je me rappelle avoir lu dans mon guide le nom de Las Navas de Tolosa comme une des batailles clés de la Reconquista, la reconquête de l’Espagne par les Rois Catholiques : les Alphonses (Alfonso), Ferdinands et autres.

Les musulmans doivent quitter des terres reprises par les chrétiens, ou se convertir. Dans cette population qui change de religion, qu’on appelle parfois les mauresques, les gouvernants vont faire appel à des architectes expérimentés, pour bâtir des églises et cathédrales dans toutes les villes d’Espagne. Nouveaux édifices religieux, ou transformation de mosquées en lieux de culte catholiques. Les intérieurs sont réorganisés pour faire apparaître une nef, un chœur et des chapelles. Ou, tout du moins, on y érige un autel et on y introduit des tableaux et statues religieuses, comme à l’intérieur de la Mesquida de Cordoue. Les minarets sont transformés en clocher. La plus impressionnante de toutes ces tours est celle de la Giralda (girouette) à Séville. A l’époque des Almohades, c’était la plus haute du monde, et le sultan ou le muezzin pouvait monter ses 35 paliers par une rampe praticable à cheval. Elle sert maintenant de clocher à la cathédrale, l’une des plus imposantes du monde avec les Saint Pierre de Rome et Londres. Outre le mélange des styles des deux religions, le style des architectes musulmans convertis, qualifié de mudéjare, reposait sur l’efficacité, avec l’utilisation de matériaux de bon rapport qualité prix, comme la brique.

 

Tour de la Giralda à Séville : remarquez les jolis croisillons


Au XIVème siècle, l’influence du style gothique commence à se faire sentir, en se couplant d’abord avec le mudéjare, puis en gagnant au cours des siècles suivants en ambition pour donner des bâtiments comme l’imposante cathédrale de Séville.

Façade avant de la cathédrale de Grenade : style gothique

Du 13éme au 15éme siècle, l’Espagne n’est pas encore totalement unie sous la bannière des rois catholiques. Le dernier bastion de la résistance musulmane se situera à Grenade avec les princes nasrides. C’est sous cette dynastie que sont tracés les plus magnifiques des jardins, construitse les plus splendides des fontaines, édifiés les plus somptueux des palais, sur la colline de l’Alhambra. La forteresse de Grenade, après une résistance acharnée tombera finalement aux mains de l’Espagne Royale à la fin du XVéme siècle.

Près du Rio Darro : sous l'Alhambra : forteresse Alcazaba, palais et jardins

A cette période charnière de l’histoire générale, on place en général la fin du Moyen-âge, période où les musulmans sont donc chassés définitivement d’Espagne, période où Constantinople, la capitale de l’Empire byzantin (l’ancien Empire Romain d’Orient) tombe au mains des ottomans (devenant Istanbul), et période où Christophe Colomb se lance dans un audacieux voyage maritime vers l’Ouest. L’expédition du navigateur génois, qui va découvrir l’Amérique, était justement soutenue et financée par le royaume d’Espagne, représenté notamment par la reine Isabelle. Domination maritime et conquête de l’Amérique et de ses richesses (le fameux Eldorado) seront justement les bases du rayonnement de l’Espagne dans les siècles à venir ...

Publié dans Carnet de route

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