L'Ille et Vilaine, mais romantique quand même

Publié le par Loïc

Enfin sorti de mes long pâtés sur le Tour de France, il est temps de faire un article un peu plus aéré, avec un pseudo jeu de mot dans le titre, des illustrations et des phrases directes.

 

Il s’agit donc d’une invitation à découvrir l’Ile et Vilaine, avec trois grandes étapes : Fougères, le Mont Saint-Michel et Saint-Malo. Je sais que ce tour de l’est au nord-ouest du département est tout à fait jouable en un jour.

 

On commence par Fougères, une cité historique, importante dès le Moyen-Age, période qui voyait s’affronter les ducs de Bretagne et les rois de France. Une grande cité médiévale, c’était avant tout un puissant château fort. Le château médiéval de Fougères est remarquable, avec ses douves, ses créneaux, ses hautes tours à meurtrières, sa basse cour, sa haute cour, son côté pont-levis, ses murs de schiste et de granit. Le château domine une boucle d’une petite rivière appelée Nançon, mais est situé dans ce qu’on appelle la ville basse, en comparaison avec la ville haute, où on trouve notamment l’hôtel de ville local.


Car, la ville a un relief assez complexe, articulé autour de collines, de buttes, et de la vallée du Nançon. Ceci s’accorde bien avec le souvenir que j’ai d’un passage du roman « Les Chouans », qui se passe à Fougères et sur les routes environnantes à l’époque de la Révolution Française quand les Chouans, fidèles à la monarchie, affrontent les troupes de la Nouvelle République. Honoré de Balzac décrit le passage de ses personnages (de mémoire l’un d’entre eux s’appelait Corentin) sur une corniche pour aller d’un point à l’autre de la ville. Les paysages évoqués ont l’air sauvages et bretons.

Car Fougères est aussi une ville fétiche pour les auteurs romantiques du 19éme siècle : Honoré de Balzac, donc, mais aussi Victor Hugo, dont le roman « Quatre-vingt treize » se déroule aussi dans la cité bretonne, d’où sa femme, Juliette Drouet était originaire, mais aussi François-René de Chateaubriand, l’enfant de la région. La ville de Fougères a la bonne idée de proposer au coin de ses ruelles des panneaux avec des extraits d’œuvres de ces écrivains et d’autres, du 19éme siècle ou d’autres époques. Couplé avec le charme de la nature et des vieilles pierres de la ville, la lecture de ces textes poétiques contribuent au romantisme de la découverte de Fougères.

On peut partir de la jolie et animée place Aristide Briand, avec le Palais de Justice et Monument aux Morts, rejoindre la place du Théâtre, descendre la rue Nationale et ses belles façades, passer devant le beffroi, bâti en référence à l’architecture Flandrienne, atteindre l’Eglise Saint-Leonard, et l’hôtel de Ville, puis redescendre à travers un jardin public au dessin agréable, en pente, et qui descend jusqu’aux bords du Nançon. Ancien quartier de différents artisanats médiévaux, basés sur l’utilisation des moulins (tanneries,…) autour de la place du Marchix. On voit aussi l’histoire industrielle plus récente, qui reposait sur la fabrication de chaussures. Au pied du château, on trouve l’Eglise Saint-Sulpice, avec ses gargouilles originales, ses beaux retables et intéressants vitraux.

 

De Fougères, on poursuit vers le Nord le long de la frontière entre Normandie et Bretagne. On passe dans les bourgs d’Antrain et de Pontorson dans la vallée du Couesnon. Rivière, qui débouche dans la baie du Mont Saint-Michel, et dont la position de l’embouchure au moment de l’établissement des cartes, a mis le fameux site en Normandie, pour quelques centaine de mètres près.

Le Mont Saint-Michel, ce célébrissime lieu touristique, mérite d’être vu, car c’est vraiment une merveille architecturale : une magnifique abbaye construite à laquelle on accède par une poterne quartier médiéval avec ses rues en pente, ses échoppes et petits cimetières ou plates-formes, au milieu d’un endroit exceptionnel : la baie, dont l’ensablement près du Mont devient préoccupant, et ses marées qui éloignent parfois la mer de plusieurs kilomètres. Bon, c’est vrai que le scintillement des milliers de carrosseries du parking, le kitsch de certains bibelots proposés dans les vitrines, et la densité de la foule dans le rue principale nuisent à la poésie de l’endroit. Mais, si il ne faut sans doute pas trop y revenir, il faut essayer d’avoir vu au moins une fois le Mont Saint Michel dans sa vie.

Ensuite, en repassant le Couesnon vers l’Ouest, on revient en Bretagne. Je conseille une halte autour de la ville de Dol, dans laquelle a aussi vécu et étudié Chateaubriand. Dans la ville, on trouve des vestiges (douves) d’un ancien château, une rue principale avec des maisons anciennes, et une grande cathédrale. Une cathédrale avec un de ses deux clochers inachevés. Une légende raconte que dans un combat à distance contre Saint Michel et les autres saints évangélisateurs de Bretagne, le diable, qui se tenait sur le Mont Dol (charmant roc qui domine les polders de la baie du Mont Saint Michel) excédé, aurait laissé l’empreinte de son pied sur un rocher de la colline, empoignant un rocher, l’aurait jeté contre la cathédrale, arrachant une des tours. Le rocher se serait fiché au sud de la ville, correspondant au menhir du Champ Dolent. Bref, tout s’explique ! Vous pouvez y croire ou pas !

 

 

On rejoint la côte de la baie Saint-Michel au niveau du Vivier-sur-Mer, où les sables de la marée base s’étendent à perte de vue. La côte rocheuse ne commence que sur le bord ouest de la baie. Et, c’est là qu’on arrive à Cancale et son Port de la Houle, où on peut déguster des huîtres.

De Cancale à Saint-Malo, la route touristique passe par la pointe du Grouin. Saint-Malo est une grande ville d’Ille-et-Vilaine. Donc, les faubourgs s’étendent sur une assez grande superficie, avant qu’on arrive au cœur de la ville, la cité intra-muros. La cité corsaire ceinte par ses remparts, qui abritent des petites rues pavées serrées autour de bâtiments en pierre, qui accueillent institutions, bars à rhum, crêperies, magasins de vêtements et échoppes à souvenirs. Il faut savoir que la cité détruite à 90% par les bombardements américains de 1944, a du être reconstruite pierre par pierre. Les statues des grands malouins Robert Surcouf, Jacques Cartier et les autres trônent sur les remparts, qu’on traverse par des portes pour arriver sur une côte bretonne typique, avec rocher et beau sable (et une piscine de mer en prime)…Quand le temps n’est pas à la marée haute, on peut aller sur des îles, le Petit Bé et son fort, et le grand Bé et la tombe de…François-René de Chateaubriand, qui selon ses dernières volontés, voulait reposer sans rien entendre d’autre que les cris des mouettes et le bruit des vagues.




 

Chateaubriand, Flaubert, Hugo, Balzac, de Fougères à Saint-Malo, tous ont aimé cette Bretagne, ce département d’Ille-et-Vilaine et son romantisme. L’autre grand auteur français du 19éme siècle, plus réaliste que romantique, Emile Zola, ayant aussi vu sa carrière croiser le chemin du département, à Rennes cette fois-ci, avec le deuxième procès de l’affaire Dreyfuss.

 

Je vous ai parlé et fait apprécier –j’espère – le Nord et l’Est de l’Ille et Vilaine, dont le Sud et l’Ouest méritent aussi le détour, avec Redon, ses canaux et sa fête de la châtaigne, et le forêt de Paimpont et ses légendes de Brocéliande. Peut-être vous en parlerais-je une autre fois.

Là, je vous abandonne à l’embouchure de la Rance entre Saint-Malo l’aventureuse et Dinard la coquette.

 

Publié dans Carnet de route

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article