Précampagne

Publié le par Loïc

 

         Dans moins d'un an, aura lieu l'élection présidentielle accompagnée des élections legislatives. J'éxagérerais peut-être en disant que cette échéance occupe l'esprit de tous les français, mais en tout cas, bien avant la campagne officielle, les chocs entre idées et figures politiques ont commencé. Personnellement, je suis assez friand de ce retour des débats politiques, et je m'y attarde parfois lorsque je zappe sur les chaînes info de la TNT. J'ai tendance à préférer d'ailleurs l'information de ces chaînes  à celle des grands médias généralistes. En effet, dans une optique d'audience, aux heures et aux chaînes de grande écoute, on privilégie la facilité pour accrocher l'intérêt des téléspectateurs. Idem pour la radio la presse écrite ou pour les sites d'actualité du net : il faut un titre avec une accroche. L'accent est souvent trop mis sur les petites phrases. Les interviews ne sont en général pas très réactives, les thèmes des questions étant souvent les mêmes, et le temps imparti ne laissant pas l'opportunité d'approfondissements.

 

             Ceci laisse la place aux discours d'hommes politiques calibrés à la virgule près. Pour illustrer mes impressions, parlons un peu de quelques candidats, hors partis extrêmes ou spécialisés, en bref, ceux qui doivent être à même de porter des idées cohérentes, inclus dans un sytème global.

 

               A TF1, j'ai pu voir une interview (dans le laps de temps de 10 minutes, forcément, on est au 20 heures, pas de perte de temps) de Nicolas Sarkozy de retour de l'Université d'été de l'UMP à Marseille. Je l'avais trouvé assez convaincant. Il parle bien, il avait su se placer dans un domaine de valeurs assez séduisantes (valorisation du travail,...). Il apparaissait comme un bon candidat à la candidature.

 

                 Dans l'autre camp, l'ayant entendu en interview et à la tribune d'un congrés, je trouve que François Hollande est un bon orateur. Caricaturé à l'éxagération comme quelqu'un de mou et sans expression, force est de constater qu'il a bien assuré en chef de parti. Ses discours sont assez complets, et cohérents sans être technocratiques. Il parvient à glisser des phrases de modestie pour mieux réattaquer fort ensuite sur sa foi dans le travail des socialistes. Je trouve qu'il y a encore trop cependant d'arguments utilisant simplement le positionnement face aux adversaires : avoir recours à des phrases telles 'nous, nous sommes la gauche, eux c'est la droite' et par un procédé d'énumération, donner l'impression que tout est mauvais et potentiellement dangereux dans l'autre camp.

 

                 Personnellement, je ne pense pas que se dire de droite ou se dire de gauche est un argument. C'est pour cela que j'étais intéressé par le combat de François Bayrou contre ce clivage gauche-droite. Mais, une posture ne suffit pas, il faut voir les idées. J'ai donc suivi le passage du leader de l'UDF à l'émission politique France Europe Express.  Ses idées étaient assez intéressantes, qu'il s'agisse de projets frappés du sceau de la modération et du raisonnable ou au contraire de thèmes plus novateurs, tels la taxation des carburants. J'ai pu avoir une idée plus claire de ce qui le rapprochait et qui le différenciait de l'UMP ou du PS : il ne croit pas en la politique défendue par les socialistes de relance de l'économie par  celle de la consommation par l'augmentation du pouvoir d'achat, et il juge mauvaise l'idée de l'UMP de brader pour le privé des secteurs stratégiques. Son tempérament combatif face aux journalistes et aux deux témoins députés du PS et de l'UMP pouvait séduire. Mais, il éxagéra parfois sa posture vindicative. D'une manière générale, sa communication n'est pas tout à fait maîtrisée. Par rapport à François Hollande ou Nicolas Sarkozy, il apparaît plus malhabile dans son discours. Peut-être était-ce dû au format de l'émission. Mais, visiblement, il doit encore clarifier certaines idées et solidifier son projet. Bref, je garde un à priori plutôt intéressé, mais François Bayrou et son équipe, vous avez encore du travail.

 

                 La qualité du débat politique ne dépend pas que des hommes politiques mais aussi des journalistes qui les interrogent. Parfois, il est intéressant d'avoir un panel de spécialistes divers pour faire une bonne interview. Je suis tombé par exemple dans une émission de Franz-Olivier-Gisbert, où Arnaud Montebourg était interrogé via trois écrivains : Marcela Iacub, la libertaire (je dois dire que je ne partage guère certaines de ses opinions), Yann Moix, le mitterandophile, et Laurent Wauquiez, le Huron UMP à l'Assemblée. Le profil plus littéraire de l'émission a fait que l'analyse politique s'est plus fait dans le domaine des idées. Intéressant, je trouve. Par exemple, une question est restée ouverte : quel est le livre de chevet de Ségolène Royal ? Aime-t-elle les intellectuels ?

 

                 Venons-en à la Zapatera ! Je l'ai vu récemment dans une émission politique, et elle m'a plutôt déçue. Je ne sais pas si c'était parce que l'émission était sur une petite chaîne à une heure de peu grande écoute, mais en tout cas je n'ai pas ressenti le souffle d'une grande vision cohérente. Ségolène Royal répondait par des phrases plutôt convenues à des questions, qui, elles aussi, l'étaient, il faut bien le dire. Ca ne mangeait pas de pain, elle prenait son temps pour énoncer des idées et des valeurs, contre lesquelles il était en général difficile d'être contre. Mais, je n'ai pas vu apparaître au cours de ce petit débat un vrai choix, un vrai fil directeur en ce qui concerne la politique proposée par la candidate à la candidature. Je n’irai pas cependant jusqu’à reprendre l’avis répandu par certains selon lequel Madame Royal n’a pas d’idées. Je trouve qu’elle ouvre des débats nouveaux, dont certains sont intéressants. Pour l’instant, on se situe dans le temps de poser bien les questions, avant de donner les réponses les plus adaptées. Cependant, viendra un moment où Ségolène Royal devra donner à sa politique une grande vision, ce qui implique de ne pas se contenter de suivre plein d’aspirations individuelles. La démocratie participative peut certes restaurer l’action politique au service de la collectivité. Mais, je partage le commentaire de Lionel Jospin: "dire que tous les Français sont des experts, c’est de la démagogie"

 

                 D’une manière générale, pour Ségolène Royal, mais aussi pour les deux autres candidats des partis de gouvernement, il est difficile de savoir à quoi s’attendre.

 

                 Ségolène Royal, évidemment, n’a pas encore maturé sa position. Quelle synthèse résultera-t-il du projet socialiste, des suggestions des visiteurs de son blog et des membres de son comité de soutien, des courants de pensée de ses différents ralliements dans le Parti Socialiste ?

 

                 En ce qui concerne François Bayrou, s’il est élu président, il est évident que cela bouleversera les rapports de force classiques. Et, ensuite, à travers les élections législatives et les différentes alliances possibles, il est bien difficile de dire quel serait le paysage politique de sa présidence.

 

                 Pour Nicolas Sarkozy, il existe encore des doutes sur la voie qu’il choisira. Une fois qu’il aura atteint le pouvoir suprême, choisira-t-il d’aller au-delà des ambitions individuelles (dont la sienne) pour incarner une vraie ambition collective pour la France ? Ou, optera-t-il pour un libéralisme décomplexé, en accord avec la plupart de ses proches du monde politique et financier ?

                 Bref, beaucoup de questions sont encore en suspens. Mais, ce n’est pas tragique, bien au contraire. La campagne va encore durer neuf mois. Et, elle se place sous de meilleurs auspices pour le débat d’idées que la dernière campagne présidentielle, celle de 2002, qui fut vraiment très regrettable. Je crois que cela fait depuis 1995 (ou à la rigueur les législatives de 1997) qu’on a pas eu un vrai débat politique comme celui qui se présente. Je pense qu’on en a besoin. Et, j'aimerais en parler avec vous.

 

 

 

 

Publié dans Politique et société

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article