La France de toutes nos forces

Publié le par Loïc

 

 

 

           Le slogan de la campagne de François Bayrou est, à mon goût, bon : il sonne d’ailleurs mieux que certains de ceux trouvés par Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et leurs conseillers en communication : "pour que ça change fort !", qui est à mon goût trop commun pour faire un slogan politique  vraiment sérieux ou "la rupture tranquille", rapprochement artificiel de termes assez antinomiques. Au-delà de cette rupture tranquille, je sais que le candidat de l’UMP a comme slogan phare "Ensemble tout devient possible" . On doit constater que le "ensemble" n’est pas le mot qu’on associerait spontanément au Nicolas Sarkozy qu’on connaît, prompt aux stigmatisations, pas toujours injustifiées certes mais en général pas bien tempérées. Dans La France de toutes nos forces, avec un vocabulaire positif, on retrouve une volonté de rassemblement. François Bayrou est, pour moi, un républicain, qui croit encore en la capacité citoyenne d’œuvrer pour l’intérêt commun.

           C’est cette vision noble de la politique que j’aime.

           En revanche, les querelles politiciennes, les jugements à l’emporte-pièce d’un camp sur l’autre ("la droite ils sont méchants", "la gauche ils sont bons à rien") sont selon moi le degré zéro de la politique. Je suis toutefois humain. Une pique bien tournée m’amuse.

           Et, malheureusement, les batailles de petites phrases, d’images, et de sondages interprétés représentent une part trop essentielles dans le traitement médiatique de l’élection présidentielle. Un discours de meeting d’homme politique est mille fois plus riche qu’une petite phrase piquée dans ce discours, et qui sera ensuite reprise en boucle dans tous les formats de médias (presse, télévision, radio, internet,…)

           J’apprécie tout particulièrement d’avoir accès à des chaînes comme la chaîne parlementaire, ou aller sur le site de Jacques Heurtault (Propositions Audacieuses) où on peut avoir l’intégralité de discours. Même si je n’ai ou ne prends pas toujours le temps de bénéficier de toutes ces opportunités.

           En tout cas, j’avais vu un meeting de début de campagne de François Bayrou à Lille en décembre et j’avais apprécié. Auparavant, si je trouvais la posture de Bayrou intéressante en ce qui concernait le rapport aux médias et la volonté de rassembler les bonnes volontés quelles que soient leur camp, mais je n’avais pas été emballé par ses premières prestations télévisuelles. Et, il fallait attendre encore un peu plus pour avoir les éléments concrets de son programme présidentiel et législatif.

           Là, lors de ce meeting à Lille, il m’a montré une carrure d’homme d’état, à l’aise dans son discours, et au diapason d’une demande citoyenne.

           François Bayrou porte une vision certaine de l’avenir. Dans cette optique, il porte un intérêt certain du cas de l’enseignement supérieur et de la recherche. Concrètement, il propose plus d’autonomie pour les universités et de soutenir financièrement les chercheurs qui déposent des brevets. Je ne connais pas encore le détail des autres mesures proposées, par exemple sur la recherche fondamentale, sur le fonctionnement du CNRS, sur le réorientation des diplômes, mais ce qui est sûr c’est qu’il a pris le temps d'écouter la parole des chercheurs à l’université d’été de "Sauvons la Recherche" (à laquelle bon nombre de candidats des plus médiatiques ont dédaignés aller) Je pense que François Baurou montrera une vraie prise en compte du fait qu’à l’heure de la mondialisation la nécessité de rester à la pointe de la recherche, de l’innovation et de l’intelligence, est la seule voie qui peut permettre à la France de capitaliser sur son passé puissant et rayonnant.

           Ayant été Ministre de l’Education nationale, ayant récemment pris la défense du travail des professeurs, je crois que l'éducation sera au coeur de sa politique. L’école est une des fiertés de la république française : l’un des ciments de la troisième république avec notamment les lois de Jules Ferry. Sa vocation d’ascenseur social s’est un peu étiolée dans les dernières décennies, et je pense que la refondation de l’éducation républicaine, garantie de l’égalité des chances, doit être une des grandes priorités de le prochaine mandature.

           Economiquement, François Bayrou propose une politique en faveur des petites entreprises : leur garantir l’accès à un certain nombre de marchés publics, pour aussi éviter les collusions inévitables qui se créent entre les responsables politiques et les lobbys des grandes entreprises, cibler les aides pour l’emploi sur ces petites entreprises. Réduire à 10% les charges sur les deux emplois supplémentaires quelles que soient les entreprises et quel que soit le poste me semble une bonne idée. J’aimerais bien savoir sur quel laps de temps des entreprises (déjà créées ou nouvellement créées ?) pourront en bénéficier. Il m’apparaît que les petites entreprises contribuent au dynamisme du territoire et du pays. Je ne nie pas le rôle des grandes entreprises (celles qu’on qualifie aussi souvent d’entreprises du CAC40) notamment dans le rayonnement de la France, mais force est de constater que certaines reposent plus sur la financiarisation des bénéfices que les améliorations quantitatives et qualitatives de productivité et d’emploi en France. Toute cette politique en faveur des petites entreprises constitue ce que François Bayrou qualifie de "Small Business Act" à la française.

           Plus généralement, concernant la gestion du temps de travail, François Bayrou propose de donner plus de possibilités de dépasser les 35 heures hebdomadaires. Grâce à des exonérations de charge sur les heures supplémentaires pour compenser un salaire horaire plus élevé (dans la limite d’un certain nombre, j’imagine), ce temps de travail ne coûterait pas plus cher à l’entreprise, mais rapporterait plus au salarié. Bien sûr, tout cela se mettrait en place via des négociations syndicales.

           Enfin, j’approuve l’idée de François Bayrou concernant la réforme des retraites : se servir de rapports, notamment le rapport Pébereau, pour changer la législation. Il s’agit globalement d’augmenter la durée d’activité. Un seuil d’âge (sans doute pas beaucoup supérieur au seuil actuel) serait pris comme référence pour calculer les droits à la retraite. Mais, il serait possible de dépasser ce seuil, pour augmenter encore sa retraite pour cumuler plus d’annuités ou de points. Car Bayrou évoque l’idée d’une retraites par points, qui tiendrait compte de la durée d’activité, de la pénibilité du travail, voire du travail familial des femmes et de l’engagement bénévole. Compte - tenu de l’évolution démographique, et dans l’optique de préserver le système de retraites par répartition à la française sans pour autant augmenter excessivement le montant des cotisations (mais plutôt la durée), cela me semble assez sensé. En outre, cette réforme des retraites, Bayrou se propose de la soumettre au vote référendaire des Français. Cela, selon moi, peut permettre, d’éviter que des revendications corporatistes, via des manifestations de rue, empêchent d’avancer autant qu’il est nécessaire vers une réforme équilibrée. Il faudrait faire confiance à la capacité du peuple français à voter en fonction de l’intérêt commun. Un référendum et une réforme sur les retraites réussies pourrait être symptomatique d’une restauration du lien brisé entre le peuple et ses représentants.

 

 

 

           François Bayrou semble avoir une vision long terme. Il pense aux jeunes, sur la tête desquels planent deux dettes : la dette financière (cette fameuse dette de l’état) et la dette démographique (le financement des retraites du papy-boom)

           J’ai l’intention de voter Bayrou parce que je crois au renouveau de la politique, en la démocratie, et en la République.

 

 

 

           Post Scriptum (et non pas Parti Socialiste; hi ! hi !) : par la suite, au-delà de cet article un peu long, et en tenant compte aussi des commentaires, je développerais un peu plus ce que doit signifier pour moi la politique, mon avis sur François Bayrou, l’espoir qu’il représente, et l’analyse du jeu politico médiatique actuel dans lequel il se trouve. Une petite piste sur le rôle des médias, sur lesquels François Bayrou a raison de porter une interrogation. Les médias sont un élément essentiel de nos démocraties modernes, pour que celle-ci fonctionne sainement, ils ne peuvent échapper à une analyse critique. Un article sympa que j'ai trouvé sur cette histoire des médias. Les choses sont bien dites : on voir qu'on a affaire à un problème complexe, où les intentions délibérées sont difficiles à réellement démêler, mais où le traitement médiatique de la campagne sous l'angle du duel Ségolène Royal - Nicolas Sarkozy est favorable aux deux candidats et sert les intérêts des médias :       http://fr.news.yahoo.com/24012007/326/les-medias-nous-imposent-ils-reellement-segolene-et-sarkozy.html



 

 

 

Publié dans Politique et société

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P
Ton blabla est certes interressant quoiqu'un peu militant mais n'oublie pas comme le faisait remarquer notre estimable et non moins cretin ministre du budget,j'ai nomme mr langue de bois Cope,Bayrou est un homme du centre avec des idees de droite..alors bon..Jouer sur le registre du calimero et se presenter en homme neuf,alors qu'il est tout aussi responsable de l'etat de la societe actuelle que les 2 autres,c'est gonfle et couillu parce qu'il y arrive presque..Mais c'est bien d'avoir des convictions et de croire au jeu de la democratie.On a le droit de ne pas etre d'accord mais on a surtout le droit de se respecter.
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L
Je suis d'accord que Bayrou n'a pas laissé un souvenir impérissable lors des ses passages aux gouvernements de droite.Mais, oui, il peut être un homme neuf, car il n'est pas forcément le même qu'il y a 10 ans. Il a réfléchi, il a analyse la société. C'est plus facile d'être un homme libre quand on a déjà fait son trou. Il est neuf, entre autres car son projet c'est de rénover la république et le système politico-médiatique. Il faut bien dire que notre système s'est sclérosé dans un affrontement Parti Socialiste-Union pour la Majorité Présidentielle stérile, d'autant plus que le renouvellement est lent. Le mode d'élections du parlement est à revoir. D'ailleurs, ce renouvellement parlementaire lent explique qu'il est difficile d'avoir vraiment des hommes neufs (et accessoirement, ça explique aussi le faible taux de représentation des femmes et des minorités visibles) même si les choses évoluent quand même en ce moment (si on regarde par exemple l'âge des principaux candidats aux présidentielles)Tout à fait d'accord sur ton message sur le respect.A plus.