L'Europe du football
France-Ecosse au Parc des Princes hier ! Quel match ! De vraies émotions du football.
Cela commence bien sûr par les hymnes géniaux. Dommage que les chants un peu cacophoniques aient couverts la musique. Mais « Flowers of Scotland » et «
Le match est parti sur les bases d’un gros combat physique, notamment au milieu de terrain, où les Ecossais faisaient un pressing agressif sur les Français, notamment Patrick Vieira. Ce fut cependant Darren Fletcher, le joueur de Manchester United, qui céda suite à une béquille, récoltant un carton jaune pour l’annihilation grossière de l’avancée de Florent Malouda, juste avant sa sortie. Si le milieu de terrain était densifié, les Français parvenaient à le contourner comme il le fallait, en passant par les côtés. Mais, restait qu’autour de la surface, les Ecossais étaient en nombre (souvent huit ou neuf), et leur grands gabarits empêchaient les ballons de bien arriver, d’autant plus que les centres des Français étaient souvent mauvais.
Donc, à la mi-temps,
On se retrouvait avec un scénario quasiment identique à celui du match aller à Glasgow, où
Là,
Les Français se retrouvaient menés, et obligés de marquer pour au moins limiter les dégâts, alors que malgré tous leurs efforts, ils n y étaient pas parvenus jusqu’alors. Raymond Domenech devait faire des changements offensifs, ce qui n’est pas dans ses habitudes. Samir Nasri, le petit meneur de l’Olympique de Marseille, remplaçait Patrick Vieira, qui cédait son brassard de capitaine à Lilian Thuram. Puis, dix minutes, plus tard, l’attaquant lyonnais, Karim Benzema remplaçait le défenseur Eric Abidal, Florent Malouda reculant d’un cran.
Mais, rien n’y changeait. Les Français continuaient à dominer. Mais, ils ne dominaient pas leurs doutes, essayant de s’adapter à la nouvelle organisation qui empilait des attaquants, et de ne pas céder à la lassitude face à ce bloc écossais. Il y eut encore quelques occasions, avec Karim Benzema notamment. Mais, les Ecossais parvinrent assez bien à les repousser, mettant parfois la défense française sous pression, pour éloigner le plus longtemps possible le danger. Malgré les ultimes corners,
Pourquoi
Si on fait le bilan joueur par joueur, je pense que Lilian Thuram et Escudé ont été plutôt attentifs en défense, repoussant tant bien que mal les quelques rushs écossais.
Lassana Diarra, qui est plutôt milieu défensif de formation, avait montré qu’il pouvait avoir la qualité défensive d’un défenseur latéral face à l’Italie, mais il a prouvé sur ce match où
Eric Abidal a alterné le bon : des montées tranchantes notamment, quelques bons dédoublements avec Anelka et Malouda, et le mauvais : mauvais centres, quelques contrôle ratés.
Claude Makelele et Patrick Vieira se sont essentiellement cantonnés à un rôle de relais entre les deux ailes, et ont essayé de résister à l’impact physique sur les premiers ballons des écossais.
Franck Ribéry s’est bien battu. Il a été dans la plupart des bons coups où le jeu à terre des Français a permis d’inquiéter les Ecossais dans les abords de leur surface de réparation, d’abord en débordant sur l’aile, puis de plus en plus près de la surface à mesure que les Ecossais se recroquevillaient. Il était présent à la construction ou à la conclusion, malheureusement maladroite, des deux grosses occasions de début de seconde mi-temps. Niveau tirs et corners, il ne fut pas très efficace, mais si il eut un peu de déchet, c’est aussi parce que c’est lui qui participa le plus à la construction offensive.
Florent Malouda était aussi présent, mais c’est plus un porteur de balle ou un tireur qu’un passeur très inspiré.
Nicolas Anelka a été très actif, tantôt à la pointe de l’attaque, tantôt sur un côté, tantôt en retrait dans un rôle de piston, mais n’a pas conclu toutes ses actions, notamment sa grosse occasion de début de deuxième mi-temps.
David Trezeguet a fait quelques mauvais contrôles en tout début de partie, peut-être tendu mais il a bien joué comme il sait le faire. Les Ecossais ont bien suivi le plan anti-Trézéguet, comme ils ont suivi le plan anti-Equipe de France. Le jeu en première intention de David Trezeguet a déclenché quelques décalages intéressants, a tiré une fois dans une position difficile, a parfois décroché sur le côté. Mais, il n’a jamais pu placer sa tête ou sa jambe sur les centres, que ceux-ci soient trop mauvais, ou qu’il soit entouré par trop d’Ecossais…
Compte-tenu des profils des joueurs sur le banc, Samir Nasri et Karim Benzema étaient les joueurs à faire rentrer. Dans les vingt minutes où ils ont joué, ils ont été bien présents, mais n’ont pas trouvé la bonne faille. Deux jeunes lancés dans une fin de match tendue.
A priori, compte-tenu des joueurs sélectionnés, le choix de l’équipe titulaire et des remplaçants se justifiait : peut-être un Toulalan plus frais à la place de Patrick Vieira dès le coup d’envoi, aurait été plus fort au milieu, mais on ne peut pas le dire, et de toute façon, cela n’aurait pas changé grand-chose au problème de la dernière passe.
Côté latéraux, Clerc et Evra auraient peut-être été un tout petit peu meilleurs que Diarra et Abidal, du point de vue offensif et des centres, mais ce ne sont pas non plus des cadors, et un Willy Sagnol en bonne santé nous a manqué.
Côté organisation de jeu, une formation à deux attaquants était pertinente, compte-tenu de la nécessité d’une présence forte dans la surface en phase de domination, et les profils de David Trézéguet et Nicolas Anelka sont assez complémentaires. Compte-tenu de la nécessité de passer par les côtés, il était bien d’avoir des milieux offensifs capables d’aller sur les côtés, mais aussi de repiquer. Fallait-t-il un meneur de jeu ? Il est évident que c’est utile pour la dernière passe, etc…, mais dans ce cas, il fallait remplacer un autre joueur, peut-être le milieu relayeur Patrick Vieira. Quoi qu’il en soit, on n’a plus Zidane.
Bref, il fallait jouer à terre en écartant sur les ailes, ce fut fait. Les centres et les coups de pieds arrêtés n’étaient pas assez dangereux cependant, et ça c’est problématique. Le jeu dans les petits espaces a été plus dangereux. C’est ce qu’il fallait faire aussi. Mais, les Ecossais ont vraiment laissé un minimum d’espace.
On peut faire une analogie d’ailleurs avec la défaite d’autres Bleus, le XV de France, face à l’Argentine en match d’ouverture de
Je ne pense pas qu’il faut trop poursuivre l’analogie, mais en tout cas si l’Argentine est la bête noire des Français en rugby, en football, ce sont les Ecossais, qui, sur la plus petite marge de score, ont pris six points aux Bleus.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas été aussi supporter dans un match de foot. Seul devant ma télé, j’étais nerveux. Si j’avais été anglophone, j’aurais crié « Come on, France ! Come on ! »
Si le scénario du Parc des Princes a été quasi identique à celui de Glasgow, je crois que les deux équipes étaient toutes les deux meilleures qu’il y a un an. En tout cas, ce fut un match passionnant, différent et bien plus intense que le match Italie-France d’il y a quatre jours. Cet affrontement de San Siro, qui s’est soldé par un nul 0-0 sans pléthore d’occasions, avec une grosse bataille construction-défense en milieu de terrain, n’était pas la purge qu’on nous a dit, car je l’ai trouvé d’un bon niveau technico-tactique (j’aime ainsi beaucoup Andrea Pirlo et le duo qu’il forme avec le teigneux Gattuso)
L’Italie, hier, a gagné en Ukraine (2-1). Elle prend donc la seconde place du groupe qualificatif pour l’Euro 2008, avec 20 points, derrière l’Ecosse, 21 points, mais devant
Rien n’est perdu : il faut gagner les neuf points, donc gagner les trois matchs, et nous seront qualifiés. Je pense qu’en revanche, tout autre résultat conduirait à l’élimination.
L’Angleterre, elle, avait bien mal commencé les éliminatoires, mais s’est repris cette semaine, en enchaînant deux 3-0, l’un contre Israël et l’autre contre
Sans Lampard, Beckam et Rooney, l’Angleterre a livré un match plaisant.
C’était l’occasion de voir Joe Cole et Shawn Wright-Phillips titulaires, de découvrir Michael Richards, enfin un bon arrière droit pour l’équipe aux trois lions, et Gary Barry, qui faisait une bonne prestation au milieu de terrain.
L’occasion aussi de revoir Emile Heskey, et sa protection de balle, en équipe d’Angleterre après trois ans de non-sélection, et Michael Owen, après un an de problèmes physiques.
Ce dernier revient en forme, et frotte le poteau et nettoie la lucarne du gardien russe (2-0 à la fin de la première mi-temps), avec une précision que n’a pas eu Nicolas Anelka dans la surface écossaise. Un beau match Angleterre-Russie, avec de nombreux espaces et donc beaucoup d’occasions. L’équipe russe, coachée par Guus Hiddink s’en est procurée aussi par son jeu vif, mais sa défense, pourtant renforcée par un libero a été dépassée par le beau jeu anglais. Rio Ferdinand, le défenseur, sur un coup de rein d’attaquant, concluait la marque.
Pour unifier mes conclusions dans ce billet intitulé l’Europe du football, ce soir, ce sont les deux premières nations phares du sport créé au 19éme siécle, qui ont gagné et été à l’honneur hier : l’Angleterre et l’Ecosse.