Lost

Publié le par Loïc

 

          Quand la série Lost a débarqué sur nos écrans il y a deux ans et demi, lorsque le vol d’Oceanic Airlines s’est crashé sur une île, j’ai tout de suite été captivé par l’intrigue. Le même type d’excitation que je pouvais avoir en lisant l’île mystérieuse de Jules Verne, roman typique de mes lectures de jeunesse. Bien sûr, il existe un certain contraste entre les histoires du 19éme siècle et la série télévisuelle, à travers notamment la modernité de certaines technologies ou psychologies. Mais, en tout cas, la série aurait tout à fait mérité l’île mystérieuse comme titre. Lost, autre titre un peu passe-partout, correspond aux sentiments de nos héros perdus, mais peut-être que ça vaut surtout pour les téléspectateurs décontenancés devant la succession de rebondissements et l’accumulation des énigmes.

            A chaque épisode, on attend des réponses, il en vient parfois, mais moins que de nouvelles questions, si bien qu’au fil des saisons on accumule mystères non élucidés. Certains détails, à mon avis, resteront à jamais inexpliqués, mais j’espère bien comprendre un peu les tenants et les aboutissants de cette île.

            Cette intrigue générale qui ne cesse de s’embrouiller peut lasser, quand on se rend compte que le dénouement tant attendu est remplacé une fois de plus par une fin en queue de poisson, surtout au terme des saisons, quand on sait qu’il faut attendre un an pour avoir la suite. Mais, les épisodes, en eux même, restent de qualité, les moyens étant au rendez-vous. De nombreuses scènes sont très cinématographiques. Certains critiqueront les gros sabots (musique, gros plan sur les visages, et intrigue fractionnée très feuilletonesque) avec lesquels est introduit le suspense, mais en tout cas, c’est efficace. Personnellement, je goûte bien en général les rebondissements de Lost. Avec ces phrases qui claquent au bon moment. Par exemple, un des derniers épisodes met aux prises deux de mes personnages préférés : John Locke et James/Sawyer : Locke demande à Sawyer de dire à ses compagnons que Juliette est une traître et communique encore avec Les Autres, Sawyer lui dit qu’ils ne le croiront pas, qu’il a déjà essayé de le dire. « Avec ça, ils vous croiront ! » lui dit Locke en lui tendant le magnétophone qu’il a dérobé à Ben, le chef des Autres.

La force de Lost, c’est sa galerie de personnages. C’est une série à héros multiples : une douzaine de personnages principaux, autour desquels gravitent épisodiquement des personnages secondaires. Chaque épisode est centré sur une figure particulière, c’est-à-dire que ce personnage va avoir un rôle important (avec d’autres) dans le développement de l’action sur l’île, mais on va aussi en savoir un peu plus sur son passé, au travers de flashbacks. Au moment d’une difficulté sur l’île, le naufragé repense à certains événements de son passé qui l’ont marqué. Les flashbacks sont utiles car ils nous permettent de nous éclairer sur l’identité et la psychologie des différents personnages. Cela dit, pour certains, surexposés dans les flashbacks, cela devient parfois un peu systématique. Au bout de trois saisons, on ne fait qu’apprendre qu’une nouvelle péripétie ou dilemme de ces hommes et femmes dans leur vie passée. Je pense notamment à Jack, Kate, Locke ou même Sayid. On commence à savoir que  Sayid a torturé des gens et que ça le hante. On n’est plus attendri par la énième tentative de Locke pour comprendre et aimer son père, et se faire comprendre et aimer de lui. Je crois que les flashbacks s’épuisent, et il est possible que la saison suivante n’y fasse pas un recours systématique, mais plus utilitaire à la construction de l’intrigue.

 

            Ce qui est souvent troublant, c’est que les personnages sont changeants, et la vérité d’une personnalité d’un épisode n’est pas forcément celle du suivant. En particulier, quand un épisode est centré sur un héros, notamment via l’insertion de flashbacks de sa vie avant l’accident d’avion, j’ai trouvé quelquefois que les scénaristes avaient sur dosé la folie du naufragé. Je pense notamment à Jack, celui qui est en quelque sorte le héros principal de la série. Un autre exemple, où je trouve que l’indécision et versatilité des personnages est exagérée, ce sont les pseudos rapports amicaux - amoureux entre Kate, Sawyer, Jack et souvent une quatrième larronne (Ana-Lucia, Juliette) Ca finit par tourner en rond comme dans une mauvaise sitcom. Mais, bon, les « -je t’aime ! –moi non plus ! » de Jack, Kate et les autres font partie de l’ambiance de la série au même titre que les bons mots, répliques cinglantes et surnoms pertinents lancés par Sawyer, ou la cool - attitude de Hurley. Chaque épisode a, quoi qu’il en soit, sa particularité.

 

 

            Les scénaristes prétendent que Lost a une fin, une conclusion, une explication et un dénouement. Nous verrons bien. Quel est le sens de l’accident d’avion qui commence la série ? Quel est le lien entre tous ces personnages ? Y-a-t-il une explication pour les chiffres maudits d’Hurley ? Certains personnages, qui semblaient plus ou moins intéressants, ont dû disparaître de la série. Attention, c’est la période des spoilers. Les morts de Boone, de Charlie, et le départ de Michael sont des péripéties tout à fait satisfaisantes (je me place du point de vue de l’intrigue, pas de mon attachement ou non aux personnages), chacun ayant en quelque sorte rempli son rôle. En revanche, on a l’impression que, joué par une Michelle Rodriguez, certes bonne actrice, mais dont les problèmes répétés de conduite en état d’ivresse et autres débordements ont fini par agacer les producteurs, le personnage d’Ana Lucia n’est pas le seul à avoir été évacué à cause d’impératifs extérieurs à la progression de l’intrigue. La mort d’Eko, c’est la disparition d’un personnage, qui avait encore un fort potentiel de mystère à éclairer. De même, la mort de Shannon rend la présence de son couple avec Boone dans l’avion en quelque sorte anecdotique. Autre couple qui pourrait bien être totalement anecdotique (juste une péripétie de la série), c’est celui de Paulo et Nikki , rencontré lors de cette saison. Lors de l’épisode centré sur eux, dans un intéressant jeu de miroir, on les voit d’ailleurs se comparer au faux couple Boone -  Shannon. L’épisode est vraiment plaisant, je l’ai apprécié, mais enterrant à la fin ces personnages qu’on venait de découvrir, il apparaît un peu comme une respiration dans l’intrigue centrale de Lost . En même temps, le calcul des producteurs pouvait être de d’ouvrir un peu plus le marché brésilien grâce à ce recrutement ponctuel de Rodrigo Santoro. Et, il y a aussi Libby, secondaire dans la seconde saison, mais éliminée alors que le personnage recelait au moins un secret important.

            Libby, Monsieur Eko, Ana-Lucia, le trio des rescapés de la queue de l’appareil aérien, qui étaient une des curiosités de la seconde saison, se voient donc abandonnés lors du développement ultérieur de la série.

 

 

            La deuxième saison, au vu de la troisième saison, apportait peu en terme de mystères et de réponses. Le grand fil conducteur de la seconde saison qui était ce bouton mystérieux sur lequel il fallait appuyer après un compte à rebours toutes les 120 minutes, ne semble pour moi être qu’une partie du puzzle, comme le bunker n’était qu’une partie de l’installation de Dharma et du maillage de l’île par les Autres. Bien sûr, on voudrait en savoir plus sur l’accident magnétique provoqué à la fin de la seconde saison, mais la fin de la troisième saison bénéficie d’une mise en abîme géniale, avec ce qu’on croyait être un flashback de Jack, mais qui est autre chose. Et, forcément la capture de Jack, Sawyer, Kate et Hurley par les Autres semble a posteriori moins stimulant que l’arrivée des amis de Naomi pour peut-être  secourir les naufragés, maintenant qu’on sait mieux qui sont les Autres, et qu’on se rend compte qu’ils ne maîtrisent que partiellement l’environnement de l’île et que leurs actions sont dictées par les calculs tout à fait humains de Ben, leur chef… Mais, il existe Jacob…

            En fait, les saisons de Lost sont comme des poupées russes, la première étant la plus petite des matriochkas, en espérant que la dernière soit assez grosse pour bien contenir toutes les autres. On ne voit qu’une parcelle de la vérité à chaque fois. La parcelle s’agrandit à chaque saison, mais c’est toujours un fragment de quelque chose de plus grand. Un peu comme la découverte de l’île par les personnages : les Autres semblent beaucoup moins éloignés que dans la première saison  atteindre « Le Rocher Noir », le vieux bateau pirate au milieu de la forêt, était tout un périple dans la première saison, maintenant ce n’est plus qu’une halte sur un plus grand parcours. Ca doit faire de belles cartes.

 

            Bref, il y a encore bien des choses, plus précises ou complètes, à dire sur Lost. Et, je dois dire que la structure de ce billet est aussi floue que l’intrigue de Lost…Ne vous perdez pas trop !

 

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