Par-delà la gauche et la droite

Publié le par Loïc

 

« -Je ne suis pas pour la confusion des genres. Si on associe la gauche et la droite dans un gouvernement, et si ça ne marche pas, on appelle qui ? Arlette Laguiller ou Jean-Marie le Pen ? » disait en substance Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle, pour contrer l’idée portée par François Bayrou de réunir les gens compétents de gauche comme de droite au sein de son gouvernement rencontrait un certain écho.

Pourtant, quatre mois plus tard, Nicolas Sarkozy élu président, pratiquait l’ouverture, faisant de son gouvernement un vrai casting. Peut-être que sa décision en elle-même faisait sens, mais en tout cas, je me permets de souligner que Nicolas Sarkozy s’est renié sans faire de mea culpa. Cette incapacité à reconnaître ses torts est d’ailleurs un des aspects de la personnalité de notre président que je n’aime pas. Bien sûr, la plupart des hommes et femmes politiques n’avouent pas facilement leurs erreurs, mais chez Nicolas Sarkozy, pour qui la parole est primordiale, ça me met mal à l’aise.

En tout cas, avec son ouverture, Nicolas Sarkozy a semé la confusion, profitant de la faiblesse de l’UDF, et du désordre au PS. Maniant habilement la carotte et le bâton, il a rallié à lui divers ex-membres éminents de ces partis. La bâton, c’était la crainte de ne plus jamais être majoritaire et de laisser passer à jamais la chance d’avoir d’importantes responsabilités, notamment pour des hommes politiques déjà assez âgés, comme Bernard Kouchner, et la menace de ne pas être élu lors des élections législatives pour les centristes, qui avaient l’habitude de ne pas avoir de gros opposants UMP dans leur circonscription. La carotte, c’était donc un poste important au parlement ou au gouvernement. Certains appellent ça vulgairement aller à la soupe. Oui, certains, considérant la politique plus comme un métier que comme une vocation, soient plus en quête d’un maroquin ministériel comme une promotion confortable. Mais, d’autres gardent quand même un fond de conviction, croient sincèrement que c’est l’occasion ou jamais de faire avancer leurs idées, et ils ne veulent pas rater le train de la réforme. C’est le cas selon moi par exemple, des personnalités de la société civile, comme Fadela Amara, ancienne présidente de l’association  ni putes ni soumises  et Martin Hirsch, ancien responsable d’ l’association Emmaüs. Je ne sais pas si la secrétaire d’Etat à la Ville réussira à construire un plan anti-glandouille efficace, et si le Haut Commissaire aux Solidarités Actives contre la Pauvreté parviendra à faire passer son revenu minimum d’activité, mais en tout cas, ils y travaillent, même si pendant ce temps-là ils doivent laisser passer des décisions du gouvernement propres à hérisser leurs poils, eux qu’on avait vus plutôt à gauche.

D’autres, au gouvernement, ont des objectifs moins définis : chef de file des soutiens de Bayrou au premier tour des présidentielles qui se sont ralliés à Nicolas Sarkozy entre les deux tours, Hervé Morin a hérité d’un ministère régalien, la Défense, où la stature compte plus que les idées. Eric Besson, lui, est ministre délégué à la Prospective. Je suis d’accord que l’étude des avantages et inconvénients des systèmes économiques et sociaux dans les autres pays, et l’évaluation à posteriori des politiques de nos gouvernements sont essentiels, mais je me demande si ce travail ne serait pas mieux fait autrement que via un ministre, qui, il faut bien le dire, est plutôt fantoche. Au début de l’année, il était député socialiste et responsable de campagne pour les questions économiques de Ségolène Royal. Que la façon de mener campagne de la Madone ait pu l’énerver, je veux bien le comprendre. Et, il y a sans doute des choses justes dans ce qu’il a écrit dans son pamphlet : Qui connaît Madame Royal ? Mais, qu’il passe sans états d’âmes dans l’autre camp dans l’entre deux tours, en criant « Forza Nicolas », alors même qu’il avait sorti un pamphlet (décidément, c’est un spécialiste) avec des passages plus ou moins vrais ou exagérés sur ce même Nicolas Sarkozy cinq mois plus tôt, ça ne dénote pas une très grande fidélité à ses convictions.

Ses idées, justement, il compte les faire passer à travers son club les Progressistes, une entité tout aussi ambitieuse que floue : « réunir les gens de gauche qui soutiennent Nicolas Sarkozy ». Autre nouveau parti ou groupuscule social-libéral, c’est Gauche Moderne que vient de créer Jean-Marie Bockel, le maire de Mulhouse, membre du parti socialiste jusqu’à ce qu’il accepte le poste de Secrétaire d’Etat à la Coopération que lui proposait Nicolas Sarkozy. On connaît le bonhomme, et son orientation très Troisième voie blairiste qu’il défendait en proposant des motions ultra-minoritaires lors des congrès du parti. S’éloigner du parti socialiste, où ses idées n’avaient pu percer, est, en soi, un choix logique pour lui. Mais, le rapprochement avec Nicolas Sarkozy a de drôles de conséquences locales. Pour la prochaine campagne municipale à Mulhouse, les membres de sa majorité locale se sont divisés en deux, entre ceux qui suivent leur maire et ceux qui restent fidèle au Parti Socialiste et à l’opposition, et ne veulent pas se ranger derrière un maire soutenu par Nicolas Sarkozy. De l’autre côté, ce soutien présidentiel fait naître des frustrations à droite : ceux qui ont toujours été des adversaires politiques de Jean-Marie Bockel, notamment la candidate UMP pressentie, Grosskoot, se voient priés de ranger au placard leur envie d’en découdre avec le maire de Mulhouse. Dans toute l’Alsace, qui vote massivement à droite, la nomination de la principale figure politique locale de gauche, même moderne, fait grincer des dents.

Dans le gouvernement, l’action de Jean-Marie Bockel est pour l’instant discrète. Je ne pense pas qu’il fasse pire ou moins bien que ses prédécesseurs à la Coopération, mais c’est justement un domaine qui me semble crucial si on veut agir sur la mondialisation des flux de capitaux et surtout d’hommes. Hier, j’ai vu Bockel invité à une émission politique sur la Chaîne Parlementaire et confronté à Julien Dray le socialiste et Bernard Henri-Lévy, le philosophe de gauche, deux personnes qui se sont d’ailleurs vu courtisées par Nicolas Sarkozy avant de décliner son offre. Si Bockel a été assez convainquant sur son pragmatisme et partageait une partie du diagnostic politique de Dray et Henri-Lévy, cela m’a un peu attristé de le voir patauger quand il a du répondre aux questions touchant à sa solidarité gouvernementale et ses limites. Le paquet fiscal, selon Bockel, cela est surtout destiné aux classes moyennes. Bon, d’accord, il y a l’allégement du bouclier fiscal, qui bénéficie aux riches. Mais, c’est pour éviter l’évasion d’investissements, alors après tout, pourquoi pas, disait-t-il ? Le tout c’est qu’on évalue ensuite si cela a été bénéfique pour la croissance française. Les tests ADN pour les candidats au regroupement familial, leur emploi et leur utilité sera limitée, mais bon l’important, c’est que le reste de la loi soit bonne selon lui, et les tests ADN sont donc un point secondaire, qui ne le gêne pas. En gros, il ne l’aurait pas proposé, mais il n’est pas contre. Cela me donnait l’impression qu’il ne pouvait pas parler librement, et cet aspect de la solidarité gouvernementale me gêne. Pour moi, on peut exprimer qu’on n’est pas d’accord sur tout avec Nicolas Sarkozy, et quand même rester au gouvernement si on estime que l’essentiel n’est pas en jeu et qu’on a un travail utile à faire dans ce contexte. Ainsi, quand Fadela Amara a trouvé « dégueulasse » l’instrumentation des tests ADN, cela ne m’a pas choqué. C’est vrai que l’amendement de Thierry Mariani pue le populisme, et la gauche est tombée dans le piège d’une polémique excessive. Enfin, bref, ce n’est pas de la belle politique. Bernard Henri-Lévy a aussi titillé Jean-Marie Bockel sur un sujet qui était plus proche de son domaine de compétence ministériel, à savoir le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy écrit par sa plume Henri Guaino, avec cette phrase où il disait que l’Homme Africain vit au rythme des saisons et ne se projette pas dans l’avenir. Expression choquante. Selon moi, si on parle de quelque chose d’autre que culturel, elle est purement et simplement raciste. Et, même si on parle de culture, on a quand même affaire à un gros cliché avec une condescendance bien dérangeante. Et, elle n’est que partiellement équilibrée par le reste du discours. Cela a été justement l’argument de Jean-Marie Bockel : cette formule maladroite n’est qu’un détail d’un long discours.

C’est cette volonté d’éluder les points particuliers qui me gêne chez les ralliés à Sarkozy. S’ils n’ont pas la liberté de critiquer, dans les réserves du respect bien sûr, le président omnipotent sur certains détails de ses propositions, ça peut être un signe qu’ils accepteront tout comme des godillots, et là la politique se perd.

Le MODEM, lui, s’est placé dans une option d’opposition constructive. François Bayrou, qui vient de prendre la présidence de ce nouveau mouvement qu’il a fondé, a ainsi dit que les mesures pour le pouvoir d’achat proposées par Nicolas Sarkozy allaient dans le bon sens, mais a critiqué d’une manière générale, la façon qu’a eu le président de se précipiter de satisfaire une clientèle électorale avec le paquet fiscal et de désigner des bouc-émissaires avec une réforme des retraites touchant seulement les régimes spéciaux. En refusant de participer à la majorité présidentielle d’un côté, mais en ne s’alliant pas avec le Parti Socialiste, qui, bien qu’en crise, garde quand même un puissant réseau d’élus locaux, le Mouvement Démocrate, qui veut capitaliser sur les six millions de voix recueillies par François Bayrou lors du premier tour des présidentielles, s’engage sur un chemin périlleux. Certes, le mouvement centriste répond à des aspirations d’un grand nombre de français qui ne se considèrent ni de gauche totalement ni de droite totalement. Mais, les institutions françaises, avec notamment les scrutins majoritaires pour désigner les députés, favorisent la bipolarisation, et fait qu’une bonne partie de l’opinion publique n’arrive pas à sortir des schémas binaires : « si tu n’es pas avec nous, tu es avec eux, nos adversaires » Outre certaines accusations de changement de veste, les membres du MODEM doivent répondre à d’autres arguments qui peuvent se discuter. Il y a tout d’abord le flou idéologique : à force de rallier des « ni – ni », le MODEM se retrouve avec une identité hétéroclite, et on sait qu’il lui faudra trancher, pour avoir quelques grandes lignes de projet, voire quelques mesures concrètes en vue des prochaines échéances nationales. Cela dit, pour moi, il ne faut pas se présenter aux élections présidentielles (qui conditionnent maintenant les élections législatives) avec un programme clés en main, dont les mesures sont fixées à la virgule près. Il est salutaire d’introduire de la souplesse dans la façon de gouverner, du moment qu’on ne transige pas avec les grandes lignes d’ambitions, de choix de société et de valeurs qu’on porte. Ensuite, l’autre critique dont on accable le MODEM, c’est son côté secte regroupée autour du grand gourou François Bayrou. Le Béarnais est un homme avec ses qualités et ses défauts. Et, je veux bien que ses caractères messianique ou bordélique puisse lasser certains de ses bédouins, surtout quand ceux-ci reçoivent les sollicitations mielleuses de l’équipe de Nicolas Sarkozy. « Ne perds pas ton temps à suivre le caprice de François Bayrou. Ne gâche pas tes compétences et tes idées, nous avons une place pour toi »

C’est ce qui est arrivé récemment avec Jean-Marie Cavada. Lui, qui avait suivi François Bayrou dans son aventure présidentielle et législative post-présidentielle, le voilà tête de liste UMP dans le 12éme arrondissement. Pour ce ralliement à Françoise de Pannafieu et à la majorité présidentielle, il aura peut-être le droit à un ministère lié à la culture. Son envie de faire passer ses idées par un autre chemin que la voie de François Bayrou est peut-être sincère à la base, mais je trouve qu’il éxagère quand il aboie sur Bayrou, en parlant de « mépris quasi poujado-frontiste pour les militants et élus ».

On verra ce qu’il deviendra, s’il trouvera plus de considération pour ses convictions à terme en s’alliant à la majorité présidentielle. C’est quand même un coup rude pour François Bayrou, car Jean-Marie Cavada faisait partie de ses compagnons appréciés par les Français. Moi-même, j’ai beaucoup de respect pour le parcours de l’ancien directeur de Radio France depuis sa naissance. Cavada va essayer de profiter de son aura certaine pour convaincre certains militants du MODEM de la pertinence de son choix. Il a annoncé à cet effet des petits cercles de réunion.

Quand François Bayrou est arrivé à la tête de l’UDF, qui sous Valéry Giscard d’Estaing et François Léotard était un parti regroupant des sensibilités allant du centre droit (anciens démocrates chrétiens) à la droite (avec Charles Millon), qui était presque aussi puissant que l’autre grand parti de droite, le parti gaulliste, RPR, il n’avait pas eu de candidats officiels à l’élection présidentielle de 1995, et sa cohésion et sa puissance s’étiolaient peu à peu. Il y eut déjà une séparation entre Démocratie Libérale (avec notamment Alain Madelin et Jean-Pierre Raffarin) et l’UDF, dont le président resta François Bayrou. Il fut candidat à l’élection présidentielle de 2002. Jacques Chirac, élu face à Jean-Marie le Pen, avait décidé d'unir toutes les forces de sa majorité présidentielle dans un grand parti. Mais, François Bayrou refusa ce plan de regroupement. Le nouveau parti UMP se fonda quand même sur les trois grandes sensibilités : gaulliste, libérale et centriste. Mais, si le RPR et DL prononcèrent leur dissolution. François Bayrou refusa celle de l’UDF. Il y eut quand même une fuite d’élus (Pierre Méhaignerie, Hervé de Charrette) vers l’UMP, fuite menée par l’ancien lieutenant de François Bayrou, Philippe Douste-Blazy. L’UDF ne représentait désormais plus qu’un parti de taille moyenne face au gigantesque UMP. Bien que séparé de l’UMP, au début de la législature, l’UDF resta dans la majorité présidentielle. Gilles de Robien, le maire d’Amiens, était notamment au gouvernement. Mais, à mi-mandat, les députés UDF commencèrent à s’abstenir sur certaines questions, notamment le budget. On en arriva à ce fameux acte symbolique de vote de la censure du gouvernement Villepin qui voulait utiliser l’article 49-3 de la constitution qui permet le passage en force de certaines lois. Bien sûr, le gouvernement ne tomba pas, car il disposait d’une majorité UMP confortable. En outre, la plupart des lois furent encore votés par l’UDF, et sur les textes controversés, les députés UDF, libres, et se séparaient en deux camps : ceux qui s’abstenaient ou votaient contre, comme François Bayrou, et ceux qui votaient pour. Gilles de Robien était en quelque sorte le chef de file de ces loyalistes vis-à-vis du gouvernement. Quand François Bayrou s’engagea dans l’élection présidentielle, il eut le soutien d’une grande partie des élus de l’UDF, mais certains, comme Gilles de Robien hésitèrent, avant de se rallier à Nicolas Sarkozy. Dans les Hauts de Seine, où ce dernier,  président du conseil général maniait aisément la carotte et le bâton, d’autres le rallièrent, comme Serge Baguet et André Santini. Dans des conférences de presse savamment orchestrées, ils chargèrent de reproches François Bayrou et clamèrent leur admiration du mouvement porté par Nicolas Sarkozy. Après le premier tour de la présidentielle, où François Bayrou ne put qu’arriver en troisième position, il ne donna pas de consigne, laissant entendre que pour sa part, il y aurait un candidat pour qui il ne voterait pas (on comprenanit à demi-mot qu'il s'agissait Nicolas Sarkozy) Certains des grands lieutenants du leader de l’UDF, comme Albertini, Sauvadet, Leroy et Morin, qui n’avaient pourtant pas donné leur part au chien quand il s’était agi de critiquer Nicolas Sarkozy, se rallièrent à ce dernier. Ce ralliement ne se limita pas au nécessaire choix binaire entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, mais se poursuivit avec l’acceptation de l’étiquette majorité présidentielle lors des législatives, étiquette qui leur permettait d’éviter un candidat de l’UMP face à eux dans leur circonscription. Par contre, ils n’eurent pas le droit à l’étiquette UDF-MODEM, le mouvement de François Bayrou, en train de changer de nom, et qui se voulait indépendant. C’est pourquoi Sauvadet, Leroy et Morin créèrent le Nouveau Centre, où on retrouvait aussi Santini et Albertini. Ce nouveau parti, crée à la va-vite, eut des députés (plus que le MODEM), mais recueillit un nombre de voix total limite pour avoir le droit à un financement public conséquent selon la loi. Des tentatives de réforme de la loi électorale et des tractations avec un petit parti néo-calédonien ont eu lieu récemment, mais elles n’ont pas encore abouti. En tout cas, Hervé Morin est maintenant Ministre de la Défense, et le Nouveau Centre est un partenaire de la majorité. Il a pratiquement toujours voté comme l’UMP, même si certains de ses députés n’ont pas voté pour le fameux article des tests ADN, et si certains amendements ont été déposés pour demander plus de rigueur dans le budget de l’état.

Côté MODEM, le nombre de députés se limite à trois : François Bayrou, Jean Lassalle et un député mayottais, puisque Jean-Christophe Lagarde et Thierry Benoît, ont finalement rejoints le Nouveau Centre.

Cet automne, l’UDF a été officiellement dissous et est né – avec tous ses statuts - le MODEM, abréviation de Mouvement Démocrate, qui regroupe autour de François Bayrou outre les anciens UDF (notamment des sénateurs, comme Jacqueline Gourault ou des députés européens, comme Marielle de Sarnez, mais aussi un ex-député battu aux législatives pour avoir suivi François Bayrou, Gilles Artigues), les gens de Cap 21 (Corinne Lepage), des économistes issus du centre gauche, comme Jean Peyrelevade, et d’anciens Verts, comme Jean-Luc Benhamias. Jean-Marie Cavada est donc le dernier à avoir quitté l’aventure pour un destin peut-être plus assuré.

Mais, à long terme, je ne serais pas si optimiste pour lui. Regardons le placard doré où a atteri Philippe Douste-Blazy, qui, il y a 5 ans croyait encore naïvement, qu'il avait une chance, sur un malentendu, d'être Premier Ministre ! Gilles de Robien, lui, ne s'est pas mis à dos ses électeurs locaux à Amiens, comme Douste-Blazy l'a fait à Toulouse, et il a encore sans doute bien des choses à faire en Picardie, mais côté responsabilités nationales, il n'a pas une grande côte. Alors, à qui le tour ?


On dit que Nicolas Sarkozy tente de rallier d’autres MODEM, comme le chef de file des sénateurs UDF, Michel Mercier. D’ailleurs, même si le MODEM n’a pas beaucoup d’élus de longue date, et en profitera pour faire confiance à de nouvelles têtes, il est marrant de voir que pour la candidature à la mairie de Lyon, après le retrait de la politique d’Anne-Marie Comparini (dont la dernière bataille a été la législative, où elle devait affronter sous les couleurs du MODEM, un candidat UMP et un candidat PS) il y a déjà des rivalités entre Michel Mercier, implanté de longue date dans la région, et Azouz Begag, ancien ministre de Dominique de Villepin, surtout connu pour avoir écrit que Nicolas Sarkozy l’avait menacé de lui « casser la gueule » Quoi qu’il en soit, à Lyon, le MODEM, seul, ne pourra être majoritaire. Mais, s’il fait un score d’arbitre, il pourrait travailler dans une majorité municipale avec le maire sortant, Gérard Colomb, comme c’est déjà plus ou moins le cas. Inversement, à Bordeaux, l’alliance qui pourrait se nouer serait entre le MODEM et l’UMP du maire Alain Juppé, comme c’est déjà plus ou moins le cas dans l’équipe sortante. Cette stratégie variable selon les conditions locales, me semble pertinente. Ca permet de représenter la sensibilité centriste dans les décisions municipales, et ça permet à certaines jeunes pousses de s’aguerrir au contact des réalités de la gestion politique. Il faut toutefois que le choix se fasse sur des vrais critères de projet politique municipal. Ce sera plus dur dans des villes où le MODEM arrive comme un chien dans un jeu de quilles, comme à Paris, où d’un côté le socialiste Bertrand Delanoë n’est pas trop marqué à gauche, mais s’est appuyé et s’appuie encore sur un projet d’alliance de la gauche, et de l’autre côté l’UMP a été allié à l’UDF, mais ne semble pas avoir la clé avec sa candidate Françoise de Panafieu, pour convaincre les parisiens qu’il a un meilleur projet que Bertrand Delanoë.

MODEM, Nouveau Centre, Club des Progressistes, Gauche Moderne - et je n’ai pas parlé encore des tentatives de rapprochement entre les deux pôles radicaux : valoisiens à droite avec le Ministre d’Etat Jean-François Borloo, et ceux de gauche, avec un Jean-Michel Baylet, ami de Bernard Tapie, lui-même grand ami de Borloo et nouvel ami de Sarkozy, qui est prêt à considérer toute offre, et une Christiane Taubira, qui, elle, est beaucoup plus hostile à la politique sarkosiste - on s’y perd au centre. Mais, sans doute que cette confusion n’est qu’une étape dans le remplacement d’un clivage gauche-droite devenu obsolète. Et, celui qui a mis son grain de sable dans cette œuvre de désorganisation, Nicolas Sarkozy, va visiblement polariser cette recomposition. C’est triste qu’on en arrive là, mais la coupure qui est en train de se créer, c’est entre les inconditionnels du président, et ceux qui s’y opposent, au moins de temps en temps. Sur le spectre politique, entre Besancenot et les alter-mondialistes et Nicolas Sarkozy et son UMP, de nombreuses choses peuvent encore se passer, entre scissions et alliances.

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F
Je suis assez d'accord avec toi: le Centre est aujourd'hui une ribambelle apparente, avec des satellites clairement identifiés, non de l'UMP, mais bien du sarkozysme, des coquilles vides autour de personnalités dites d'ouverture (comme le rénégat Eric Besson, auquel je crois, on ne peut rien pardonner, au contraire de Martin Hirsch, par exemple, qui, comme tu le penses, et j'en conviens, a profité de l'aubaine pour faire avancer ses projets. D'où d'ailleurs sa fonction de Haut commissaire), le PRG, qui n'existe pratiquement plus et le Modem.Bien sur que François Bayrou est quelqu'un avec un très fort égo, c'est indéniable et je pense que Marielle de Sarnez n'est pas toujours bonne conseillère. Je peux t'assurer que beaucoup de militants sont sincèrement attachés à l'indépendance vis à vis de la droite et du PS (ce grand cadavre à la renverse) et seront sourcilleux d'un fonctionnement démocratique. Le Modem est aussi un parti qui utilise à plein l'interactivité et l'Internet. Les élections de 2008 seront cependant un test . Je pense toutefois que l'on est entré dans une période de recomposition politique, avec la structuration d'un pôle de gauche radicale et extrême autour de Besancenot, un pôle modéré (droite du PS et Modem), et une droite assumée et affirmée, aux idées libérales en économie, et autoritaires sur le plan sociétal (immigration, notamment); le FN étant à terme condamné .....
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L
Oui, l'influence de Marielle de Sarnez est très claire. Elle a une certaine agressivité et lors de ces passages télés, lors de la campagne présidentielle, je ne l'avais pas trouvé la meilleure des lieutenants de Bayrou, nettement moins bonne que au hasard,Jean-Marie  Cavada, Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde... Mais, bon, depuis, quand j'ai entendu Morin et Cavada s'exprimer sur leur ralliement à Sarkozy, là ils ne m'ont pas convaincu... Oui, ce n'est pas tant de l'UMP mais du sarkozysme qu'il faut parler... Soit dit en passant, si beaucoup de jeunes pousses de l'UMP, sont bien sarkozystes, on retrouve un peu de contestation à l'UMP : Dominique de Villepin n'est pas député, mais François Goulard s'est illustré notamment... Et, les barons locaux, centristes de droite, qui se sont intégrés peu à peu à l'UMP, pas en retournant direct leur veste, comme Pierre Méhaignerie savent s'exprimer sur des sujets qui leur tiennent à coeur, comme la maîtrise du budget... Il faut bien dire aussi que la recomposition n'est pas favorisée par le fait que Sarkozy est assez insaisissable lui-même dans le clivage gauche-droite... Parfois bien à droite, parfois plus au centre, parfois libéral, parfois dirigiste, quelquefois même à gauche ou à l'extrême droite... Je pense quand même qu'on peut dire qu'il est capitaliste, avec une valeur phare : l'argent,  et une valeur en partie fantasmée : le travail... J'ai lu et je partageais un peu ce que tu écrivais dans ton dernier article sur un sujet assez proche, concernant la recomposition du paysage politique, en insistant sur le rôle de deuxième pôle pris par Olivier Besancenot... Concernant le FN, je ne sais pas s'il est condamné : Marine le Pen a quand même une certaine réputation, qui fait qu'elle peut rassembler des voix, mais n'est pas facilement soluble dans une majorité UMP-petits partis de droite de la droite... A noter qu'à la droite de l'UMP, il y a quand même toute une dimension souverainiste qu'il ne faut pas négliger, et qui n'est pas forcément dissoluble dans le sarkozysme, qui, si Sarkozy donne souvent des coups de menton contre la BCE, la Turquie, et l'Europe en général, est lié à des  think-thank supporter de l'Europe grand marché libéral...