Tour de France 2008: suite

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                Mark Cavendish et Ricardo Ricco ...        


            Mark Cavendish et Ricardo Ricco ont en commun d’êtres tous les deux jeunes : âgés de moins de 23 ans, ils concourent pour le maillot blanc. Ils ont aussi en commun d’avoir impressionné la caravane en frappant plusieurs fois dans ce Tour. En revanche, leurs caractéristiques sont différentes. D’un côté, Ricardo Ricco, Italien de la Saunier Duval, est un grimpeur avec un poids plume et un démarrage impressionnant dans les cols. De l’autre Mark Cavendish, l’Anglais de la Team Columbia, est un sprinter avec une puissance énorme et une adresse héritée de la piste dans l’emballage final.

            Je vous avais laissé dans le précédent billet , sur une victoire de Marc Cavendish à Chateauroux dans le premier sprint massif à plat. Et, c’est Ricardo Ricco qui lui a succédé sur le podium du vainqueur d’étape le jour suivant alors que le Tour abordait le Massif central. Dans une étape qui a commencé avec une échappée de trois Français : Freddy Bichot, Sylvain Chavanel (qui s’empara ainsi du maillot à pois en égalisant avec le nombre de points de Thomas Voeckler, l’ancien possesseur) et Benoît Vaugrenard, tout s’est joué entre un peloton réduit dans la montée de la station de SuperBesse. Et ; à ce petit jeu là l’accélération de Ricardo Ricco était la plus tranchante, ce qui lui permettait de précéder Alejandro Valverde et Cadel Evans de deux secondes, et d’autres groupes d’hommes forts de quelques secondes. Là où se jouait aussi avec une chute de Stefan Schumacher à trois cent mètres de l’arrivée le sort du maillot jaune, qui tombait ainsi sur les épaules de Kim Kirchen, aussi maillot vert à cette époque.

            On retrouvait une nouvelle fois la succession : Marc Cavendish gagne l’étape de sprint à plat, et Ricardo Ricco la suivante, premier contact avec un nouveau massif montagneux : en l’occurrence Toulouse sous la pluie pour le Britannique, et Bagnères de Bigorre dans les Pyrénées pour l’Italien. Une victoire obtenue après une descente, et surtout une montée du col de Peyresourde, animée dès le pied pour le groupe des favoris. C’est Schumacher, fort marri d’avoir perdu son maillot jaune sur chute, qui avait lancé la première banderille. Puis, les Saunier Duval, Ricardo Ricco et Leonardo Piepoli s’étaient portés en tête. On retrouvait même Alejandro Valverde, un moment détaché. Après une période d’accalmie, où tout le monde se regroupa autour de Kim Kirchen et Cadel Evans, à part quelques coureurs moins dangereux qui ne prirent jamais plus d’une centaine de mètres sur le peloton maillot jaune, Ricardo Ricco relança une franche attaque. Il avala les courageux partis dans le premier col de l’étape, notamment Sébastien Lang, et se retrouva avec près de deux minutes d’avance au sommet du col sur le peloton maillot jaune. Celui-ci fort d’une trentaine de coureurs ne put reprendre l’Italien, qui cueillit ainsi sa deuxième victoire.

            Mais, quelques jours plus tard, Marc Cavendish reprit la tête au nombre de victoire sur ce Tour en l’emportant à Narbonne. Ricardo Ricco ne put lui succéder l’étape suivante, puisqu’il fit la une des gazettes d’une autre manière : testé positif à l’EPO lors du contre la montre, il fut exclu du Tour. Le troisième coureur rattrapé par la patrouille, après Manuel Beltran l’Espagnol de la Liquigas dans le Massif Central, contrôlé positif lors de la première étape, « un ancien qui n’avait pas compris que les pratiques des années EPO étaient révolues » selon le discours officiel, et Moises Duenas, un Espagnol de Barloworld, déjà plus jeune, dont l’annonce du contrôle positif lors du contre-la montre a eu lieu un jour plus tôt que Ricardo Ricco. L'Italien de 23 ans faisait partie de la vingtaine de coureurs ciblés, car présentant au départ du Tour de France un taux d’hématocrite haut, pas au point d’être répréhensible, mais en tout cas fortement suspect. Si la Liquigas et la Barloworld (qui connut quand même une succession d’abandons) ne se retirèrent pas de la course, la Saunier Duval, elle s’arrêta là. Cette équipe avait mis l’animation dans les Pyrénées, avec le maillot à pois de David de la Fuente, repris ensuite par Ricardo Ricco dans la deuxième étape pyrénéenne à Lourdes-Hautacam, où s’imposaient deux autres coureurs de l’équipe : Leonardo Piepoli devant José Cobo Acebo. Mais, désormais, c’était fini. Leurs performances devenaient suspectes. En particulier, celles de de Leonardo Piepoli, le copain de chambrée de Ricardo Ricco. L’alliance du vieux et du jeune, qui travaillaient en course l’un pour faire gagner l’autre et vice-versa, et s’échangeaient visiblement d’autres bon procédés, cette fois-ci chimiques, sanguins et répréhensibles le soir.

            Puisque Ricardo Ricco ne pouvait gagner à Nîmes, ce fut Marc Cavendish qui récidiva. Malgré l’échappée de Florent Brard et Nikk Trerspra, on eut en effet encore le droit à une arrivée massive. Et, Cavendish était décidément le plus fort. Thor Hushovd et Oscar Freire arrivent seulement à faire des places, tout comme Eric Zabel, l’un des doyens du peloton. Rob Hunter le Sud-Africain et surtout Robbie Mac Ewen l’Australien, ne sont pas aussi forts que l’année dernière. Pour le dernier cité, le fait que l’équipe Silence Lotto travaille avant tout pour le favori du Tour, Cadel Evans, n’explique pas tout. Après n'avoir pas fait mieux que dixième lors des sprints précédents, Mac Ewen a quand même réussi à faire deuxième à Nîmes. A noter aussi les bonnes places dans les trois premiers des sprints massifs pour les Français  juste derrière Cavendish : Jimmy Casper à Toulouse, Sébastien Chavanel à Narbonne, et Romain Feuillu à Nîmes. Malgré ses quatre victoires, l’Anglais n’est pas encore maillot vert. Le possesseur ce maillot dans le Midi est Oscar Freire, qui a récolté des points plus régulièrement, et vient de reprendre une bonne longueur d’avance en gagnant à Digne les Bains au cours d'un sprint dans un peloton d’une centaine de coureurs, que n’avait pu suivre Marc Cavendish lâché dans la petite bosse à dix kilomètres de l’arrivée. Les observateurs pensent que l’Anglais ne ralliera pas Paris et abandonnera dans les Alpes, qui seront dures cette année, ce qui lui permettra de préparer les Jeux Olympiques.


             ..et les autres

            Parlons un peu des étapes que n’ont pas gagnées Ricardo Ricco et Marc Cavendish pour faire le point sur les autres coureurs encore en course.

            Entre Super-Besse et Toulouse, il y eut une autre étape dans le Massif Central, au cours de laquelle Christophe Moreau abandonna bizarrement. C’est l’Espagnol Luis Leon Sanchez de la Caisse d’Epargne qui gagna à Aurillac, parti dans la descente après s’être d’abord échappé dans un petit groupe, qui fut repris par le peloton des favoris, au sommet de la dernière montée. Ce jeune coureur dit qu’il espère avoir une progression constante pour un jour jouer les premiers rôles, à la manière d’un Miguel Indurain. Cet étape n’a pas trop bouleversé le classement général, puisque Kim Kirchen, le maillot jaune est arrivé dans le groupe des favoris réglé par Filippo Pozzato, avec notamment Stefan Schumacher, Cadel Evans, et Alejandro Valverde, mais sans Damiano Cunego, qui a connu une journée difficile.

            L’étape la plus déterminante depuis le début du Tour fut en fait Pau-Hautacam. Tandis que le français Rémi Di Gregorio de la Française des Jeux quittait ses compagnons d’échappée et passait en tête le col du Tourmalet, ça bougeait derrière dans le peloton des favoris. Menée par les CSC de Carlos Sastre, Franck et Andy Schleck, Jens Voigt, et Fabian Cancellara, échappé auparavant, et qui donna un gros coup de main à ses leaders dans la descente et la plaine, une partie de manivelle repoussa dans un second peloton Damiano Cunego et..Alejandro Valverde, qu’attendit Oscar Pereiro Sio. Le peloton des favoris, qui contenait toujours le maillot jaune Kim Kirchen, revenait à une minute de Rémi di Gregorio au pied de Hautacam. Le Français était avalé par le groupe que quittait l’aîné des frères luxembourgeois Schleck, Franck par l’avant, et le cadet, Andy par l’arrière. Franck Schleck dans son attaque était accompagné de Leonardo Piepoli, puis rejoint par José Cobo Acebo. Comme je l’ai déjà évoqué, les deux Sauniers Duval arrivèrent ensemble au sommet en tête, la victoire allant à Leonardo Piepoli, tandis que José Cobo Acebo voyait ainsi sa place de leader de l’équipe confortée. Franck Schleck lâché dans les derniers kilomètres, arrivaient trente minutes plus tard. Puis, venaient Bernard Kohl, l’Autrichien de la Gerolsteiner, et Vladimir Efimkin, le Russe d’Ag2R, puis le groupe de Cadel Evans, Denis Menchov, Ricardo Ricco, Carlos Sastre et Christian Vandevelde. Non loin derrière le meilleur français, Stéphane Goubert, d’Ag2R, arrivait le maillot jaune, Kim Kirchen. Il était dépossédé de sa tunique par Cadel Evans, premier du classement général pour une seconde devant Franck Schleck.

Cadel Evans en jaune à Digne les Bains

    Classement décidément très serré, puisqu’on retrouve dans la même minute l’étonnant américain de Garmin Chipotle, Christian Vandevelde, le grimpeur autrichien Bernard Kohl, et le leader Russe de la Rabobank, Denis Menchov. Carlos Sastre, coleader de CSC avec Franck Schleck, n’était pas loin aussi. Kim Kirchen était désormais septième du général, juste devant José Cobo Acebo et Ricardo Ricco, qui ne figurent désormais plus au classement, pas trop modifié par les étapes suivantes : celle qui fut favorable à un groupe d’échappés à Foix, avec la victoire du champion de Norvège de CSC, Arvesen, le Français Amaël Moinard qui s’était échappé en solitaire dans la montée la plus dure de l’étape ayant été repris, et les étapes remportées par ses sprinters : Cavendish deux fois et Freire. Le maillot vert est donc la propriété de ce dernier, tandis que Cadel Evans l’Australien peut se régaler d’être en jaune et de pouvoir embrasser les petits lions Crédit Lyonnais. Suite à l’exclusion de Ricardo Ricco et du retrait de son équipe, le maillot à pois est désormais la propriété de l’Allemand Sébastien Lang, juste devant son coéquipier de la Gerolsteiner, Bernard Kohl, et le maillot blanc de meilleur jeune est sur les épaules du discret Italien Vincenzo Nibali, dixième du général. Il va lui falloir bien se battre pour le conserver face au tchéque Roman Kreuziger de Liquigas et le Belge Maxime Montfort de Cofidis, qu’on a déjà vus en évidence dans les Pyrénnées, et Andy Schleck, qui pourrait se refaire la cerise.

 

 

            Quant au maillot jaune, tout reste encore à faire.

 

       PS : pour ceux qui aiment le foot, n'oubliez pas le petit sondage : http://http://localhost//sondages/sondage-gratuit-18007_32677.php

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