Je suis un étranger

Publié le par Loïc

        Une des principales choses qui marque les gens, si ce n’est la principale, lors de la première rencontre, c’est mon accent. Une fois sur deux, à la première rencontre, on me fait remarquer que j’ai un accent ou on me demande si je suis étranger et de quel pays je viens.


            Une petite anecdote symptomatique et sympathique : cela se passait lors de mes premiers jours à Paris. J’étais allé commander de la nourriture à emporter dans une sandwicherie près de Montparnasse. Et, en accédant à ma demande formulée en français, le vendeur me répondit en anglais, me demandant si j’étais un touriste qui venait des Etats-Unis. Et, je protestais alors « No ! No ! I am French ! », expliquant « I come from eastern of  France ! » . En tout cas, cette histoire m’a fait sourire et me fait encore sourire.

           

            Ainsi, en général, quand on me fait ce genre de remarques sur mon accent, je sors ce genre d’explications. Je parle de mes origines de l’Est de la France. Mais, si il est vrai que certains habitants des vallées vosgiennes ont un accent particulier, je crois que le mien est encore différent. Des similitudes existent certainement, notamment en ce qui concerne l’exagération et le rajout d’accents circonflexes, et d’une manière générale l’accent un peu traînant. Lenteur des syllabes qu’on retrouve dans le pays limitrophe qu’est la Suisse. Mais, bon, mon accent n’est pas tout à fait celui de nos voisins helvètes. Peut-être qu’il résulte d’un drôle de dosage entre accent de l’Est et accent guadeloupéen. Mais, c’est difficile à dire. Quand certains se hasardent à me donner une origine rien qu’à ma voix, en général, ça tombe sur les pays anglophones.  Une fille m’a donné une fois deux options : soit anglais, soit châtelain. Bref, un peu  "posh". Serais-je un peu précieux ? Parfois, j’ai plutôt l’impression d’être campagnard, quand j’entends ma voix. Alors, est-ce que ma façon de parler est un alliage de péquenot rural et de bourgeois urbain ?

            On ne trouvera pas d’où ça vient. Disons que j’ai un timbre de voix particulier. Voilà !

            Et, si certains disent que je parle français (ma langue maternelle) avec un accent anglais, je peux vous assurer que quand je parle anglais, je retrouve mon accent français.

            En quelque sorte, je ne suis jamais aussi français que quand je suis à l’étranger. Cette impression est personnelle, mais, je suis sûr partagée par d’autres voyageurs. Quand on entre en contact avec les habitants d’un autre pays, on se rend compte que tout ce qu’on dit ou fait pourra être pris comme exemple pour illustrer les particularités des Français, voir alimenter les clichés. On représente la France à l’étranger. Cette phrase, ce n’est pas que du vent. Il est évident que tous les Français ne sont pas faits du même moule – et il me semble que la France est un des pays qui cultive le plus l’ode à l’originalité – et la plupart des étrangers sont bien conscients de l’existence des contrastes individuels. Il n’en reste pas moins que les contacts concrets avec les ressortissants d’un pays (plus ou moins nombreux) nourrira notre image du pays.

            Et en ce qui me concerne, je m’appuierais souvent sur mon origine et tout ce qui peut y être associé pour mener la conversation avec un inconnu ou une inconnue. Cela rend parfois plus facile et plus naturel de trouver un sujet pour entamer la discussion avec un étranger plutôt qu’avec un Français.

            Je remarque que la majorité (peut-être les trois quarts si vous voulez des chiffres) des filles avec lesquelles il y a eu flirt mutuel (au moins , on va utiliser ce terme de flirter , je ne suis quand même pas un Casanova ) n’étaient pas françaises, ma petite amie actuelle et plus grande, si ce n’est unique histoire sérieuse, vient d’ailleurs de l’autre côté de l’Atlantique. (Beijos, lindinha !) Si on veut chercher des explications, pleins de raisons particulières doivent se mêler ! La curiosité culturelle mutuelle, qui nourrit les premières conversations, comme évoqués précédemment. Peut-être le cliché du français romantique parfois ! Peut-être l’ouverture plus grande et la méfiance moins naturelle de certaines étrangères par rapport à certaines Françaises (j’attends vos réactions, les filles) ! Peut-être mon accent, qu’une fille d’ailleurs ne remarquera pas, ce qui signifierait alors que mon timbre de voix est plus un handicap qu’un atout (c’est une question non résolue, et qui n’a pas de réponse universelle) ! Et, bien sûr, une certaine importance du contexte particulier, et plus généralement du voyage, car dans ces cas-là, il y a toujours quelqu’un qui est étranger, que cela soit moi ou elle.

 

            J’emploie le mot étranger(e) dans un sens tout à fait neutre, en opposition à l’autochtone. Au-delà de cela, notre identité nationale arrive selon moi en troisième dans l’ordre d’importance, après notre identité individuelle et notre identité d’humain-citoyen du monde, mais avant notre identité régionale, communautaire, professionnelle et familiale. De toute façon, tout cela est mêlé, et c’est ce qui fait la richesse de chaque individu. Pour reprendre mon vocabulaire neutre, je suis donc tout naturellement un étranger (Français) à l’étranger. Mais, peut-être que mon accent et au-delà, ma psychologie, ne font pas de moi tout à fait un autochtone en France. Je me sens bien avec ma nationalité, et mon pays, je précise. Le titre du billet était plus une annonce de thème qu’une affirmation.

Reste que moi, comme d’autres, j'ai un certain particularisme. Et, finalement, le secret ne serait-t-il pas caché dans les remarques qu’on me fait parfois : « tu es un peu dans la lune ! » , « tu es un extra-terrestre » , « t’as l’air de venir d’une autre planète ! »

 

Ah ! Ah ! (rires bien humains !)

Publié dans Intimes

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N
j adore cette façon de texprimer  esprimer tes pensées te façon de voir les choses ! c est super d écrire comme ça ! ecris un lire tu as du talent !
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